Manifeste affirmant le caractère un et divers de la langue d'Oc

Quoted post

DJ M.

#81 Réponse à Realista

2012-09-02 12:25

#80: Realista - Re: Réponse à Realista

Pour moi, c'est une évidence. Pas pour Mme/Mlle Verny. Mais on s'est déjà affrontée, elle et moi, dans ce forum sur ce sujet, il est clair que l'on n'a pas du tout la même approche du concept d'Occitanie. Je partage avec elle, toutefois, l'idée défendue par ce manifeste d'UNE langue Occitane unie dans sa diversité. Sauf que si tel est le cas, j'attribue la décadence de la langue Occitane au fait que l'Occitanie soit fédérée (en grande partie) à la France : donc, l'occitan disparaît sous le français. D'où la suite de mon raisonnement (que vous avez parfaitement compris). Après, on peut être d'accord ou pas, chacun son opinion, on est en démocratie.

Je ne sais pas si JF Brun a une arrière-pensée politique, en ce qui me concerne, je ne lui ferais pas un procés d'intention : il y en a tellement qui font le distingo entre culturel / linguistique et politique, qui considèrent qu'un goufre sépare la simple défense d'une langue et la politique ! Pour Mme/Mlle Verny, je crois comprendre que c'est le cas. Probablement que pour JF Brun, c'est aussi ce qu'il pense ("ne mêlangeons pas les torchons et les serviettes"). En revanche, pour moi, défendre une langue, c'est déjà de fait un acte politique, donc...

Alors, il y en a certainement beaucoup qui ont signé ce manifeste sans arrière-pensée séparatiste, qui croient encore (bien naïvement) à un possible reviscòl de la langue Occitane au sein de l'Etat Français. Mais ce manifeste (j'en ai fait la remarque au début de ce forum) n'évoque pas le problème majeur de la décadence de l'occitan, à savoir le fait que notre langue soit supplantée (principalement) par le français. Il me semble que c'est LE problème majeur aujourd'hui pour l'occitan. Avant même les dissidences internes (Collectif Provence, béarnistes etc...).

 

Réponses

DanièlOlivar

#82 Re: Réponse à Realista

2012-09-02 13:29:24

#81: DJ M. - Réponse à Realista

Non, l'occitanisme n'est pas plus fondamentalement "séparatiste" (d'avec la France, la plus grande partie du territoire occitan) que ne peut l'être le "provençalisme". Lorsque Rémi Venture, l'intellectuel du Collectif Provence, veut démontrer à tout prix que la Provence est une "communauté de destin" sans rapport avec le reste des pays d'oc, il tient des propos qui pourraient aboutir à un nationalisme, voire à un indépendentisme provençal. En fait, malgré l'existence d'un indépendantisme occitan, ce seraient plutôt les séparatistes linguistiques provençaux ou béarnais (qui ne sont pas si antioccitanistes qu'ils ne veulent l'admettre, puisqu'ils manifestent ensemble pour dire qu'ils n'ont rien en commun!) qui politiseraient la langue. Comme ils ne veulent pas d'une Occitanie en tant qu'entité politique (autonome ou indépendante), ce qui est évidemment leur droit en démocratie, ils décrètent, sans aucun fondement linguistique, voire sociolinguistique, pertinent, qu'ils parlent une langue distincte de l'occitan - dont ils ont une notion floue : on ne sait s'il s'agit de l'ensemble de la langue d'oc, du languedocien ou de la norme classique qui sert aussi à écrire le provençal ou le béarnais). En attaquant l'occitanisme comme "séparatiste" (au sens politique du terme), ils accréditent l'idée qu'à une langue devrait nécessairement correspondre un Etat, sans se rendre compte que l'affirmation d'une langue provençale ou béarnaise indépendante pourrait conduire à des indépendantismes se heurtant frontalement à la loyauté à la France dont ils se vantent !

L'occitanisme, quant à lui, n'est pas si politique : c'est d'abord une conscience culturelle, vieille de plusieurs siècles, de l'existence d'une langue commune dont le prestige s'appuie sur la littérature. Mistral, qui s'inscrivait dans cette conscience culturelle, n'aurait pas compris que des gens se réclamant de lui (de sa seule graphie, en réalité) s'en prennent à l'unité de la langue.

En revanche, il est exact que des questions politiques, qui ne passent pas nécessairement par l'indépendance, se posent : comment venir à bout du conflit linguistique qui écrase l'occitan, asphyxié dans l'enseignement, dans la vie publique et à présent dans l'espace privé, par l'omniprésence du français ? On ne le résoudra pas si l'on déplace ce conflit linguistique vers des enjeux secondaires tels que la concurrence des normes classique et mistralienne, par exemple.