Manifeste affirmant le caractère un et divers de la langue d'Oc

DanièlOlivar

/ #82 Re: Réponse à Realista

2012-09-02 13:29

#81: DJ M. - Réponse à Realista

Non, l'occitanisme n'est pas plus fondamentalement "séparatiste" (d'avec la France, la plus grande partie du territoire occitan) que ne peut l'être le "provençalisme". Lorsque Rémi Venture, l'intellectuel du Collectif Provence, veut démontrer à tout prix que la Provence est une "communauté de destin" sans rapport avec le reste des pays d'oc, il tient des propos qui pourraient aboutir à un nationalisme, voire à un indépendentisme provençal. En fait, malgré l'existence d'un indépendantisme occitan, ce seraient plutôt les séparatistes linguistiques provençaux ou béarnais (qui ne sont pas si antioccitanistes qu'ils ne veulent l'admettre, puisqu'ils manifestent ensemble pour dire qu'ils n'ont rien en commun!) qui politiseraient la langue. Comme ils ne veulent pas d'une Occitanie en tant qu'entité politique (autonome ou indépendante), ce qui est évidemment leur droit en démocratie, ils décrètent, sans aucun fondement linguistique, voire sociolinguistique, pertinent, qu'ils parlent une langue distincte de l'occitan - dont ils ont une notion floue : on ne sait s'il s'agit de l'ensemble de la langue d'oc, du languedocien ou de la norme classique qui sert aussi à écrire le provençal ou le béarnais). En attaquant l'occitanisme comme "séparatiste" (au sens politique du terme), ils accréditent l'idée qu'à une langue devrait nécessairement correspondre un Etat, sans se rendre compte que l'affirmation d'une langue provençale ou béarnaise indépendante pourrait conduire à des indépendantismes se heurtant frontalement à la loyauté à la France dont ils se vantent !

L'occitanisme, quant à lui, n'est pas si politique : c'est d'abord une conscience culturelle, vieille de plusieurs siècles, de l'existence d'une langue commune dont le prestige s'appuie sur la littérature. Mistral, qui s'inscrivait dans cette conscience culturelle, n'aurait pas compris que des gens se réclamant de lui (de sa seule graphie, en réalité) s'en prennent à l'unité de la langue.

En revanche, il est exact que des questions politiques, qui ne passent pas nécessairement par l'indépendance, se posent : comment venir à bout du conflit linguistique qui écrase l'occitan, asphyxié dans l'enseignement, dans la vie publique et à présent dans l'espace privé, par l'omniprésence du français ? On ne le résoudra pas si l'on déplace ce conflit linguistique vers des enjeux secondaires tels que la concurrence des normes classique et mistralienne, par exemple.