Appel à la reconnaissance des professions du spectacle en Suisse romande

valérie liengme
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/ #193 intermitence en suisse romande.

2010-11-12 13:32

je vous écris du bas de la chaîne alimentaire artistique. en effet, en tant que comédienne, je suis dépendante d'un metteur en scène qui lui-même est dépendant d'un théâtre et de divers organismes de subventions. quand j'ai la chance d'être engagée sur un projet je ne suis jamais sûre avant de commencer les répétitions si le projet aura vraiment lieu et combien je serai payée. outre cette insécurité dans mon métier je suis maintenant confrontée à une insécurité liée au chômage, je suis pratiquement sûre que je ne pourrai pas renouveler mon délai-cadre. cela fait 15 ans que je fais ce métier et durant tout ce temps je n'ai travaillé qu'une fois 18 mois sur 24.
ceci pour plusieurs raisons :
1. la particularité structurelle de ce métier. nous avons des contrats à durée déterminée qui oscillent majoritairement entre 1 mois et 4 mois ce qui rend le chômage quasi obligatoire.
2.la structure de l'emploi par projet augmente le chômage frictionnel. je peux être engagée sur 5 contrats durant une année mais ne peux n'en accepter que 2 parce qu'ils sont programmés en même temps dans différents lieux et que je n'ai malheureusement pas encore le don d'ubiquité.
3.pour une question de choix d'interprètes et de qualité des spectacles proposés, la demande doit être toujours largement supérieure à l'offre.
4. l'exigence de qualité de mon travail , formation continue, mise à niveau, dossier, audition, stage etc... nécessite du temps et de l'argent. jusqu'à présent le chômage servait partiellement à soutenir la préparation de spectacle de qualité.
5. les artistes de la scène condensent toutes les fonctions d'une entreprise. ils sont leur propre employé, leur propre produit, leur propre outil, leur équipe de recherche et de développement, de marketing. ce qui amène à un paradoxe, le fait de beaucoup travailler n'est pas seulement lié à la qualité du travail fourni mais aussi à l'entretien et à l'ampleur de son réseau. cela nécessite aussi du temps et de l'argent.

jusqu'à présent les périodes de chômage actif des interprètes assuraient une continuité dans un métier où les emplois sont, eux, discontinus. avec le changement de loi sur le chômage, le peuple suisse et les politiques qui ont proposés cette loi, ont clairement affirmé que la collectivité n'a pas à financer la culture via d'autres lignes budgétaires que celles expressément prévues à cet effet.
alors qui assurera désormais les revenus des artistes au moment où ceux-ci n'apparaissent pas en public mais préparent ces apparitions?