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marcamau

/ #427 Loi d’Orientation et de Refondation de l’école et langues régionales - COMMUNIQUE FELCO.

2013-03-18 21:30

Loi d’Orientation et de Refondation de l’école et langues régionales - COMMUNIQUE FELCO.
La FELCO, de concert avec 17 autres associations ou entités impliquées dans la valorisation des langues régionales avait soumis, début janvier 2013, des propositions d’amendements au projet de loi d'orientation sur l'école en préparation afin que celle-ci intègre les langues régionales.
Nous avons suivi les débats ces jours derniers à l'Assemblée Nationale, où le texte a été discuté, après l'avoir été en commission des affaires culturelles. Dans un cas comme dans l'autre, des députés de toute tendance ont su faire valoir des arguments en faveur d'une prise en compte des LR par le texte, qui au départ ne leur faisait aucune place. D'où un certain nombre d'amendements qui, après adoption par la commission, ont été versés à la discussion générale. Si l'on se réfère aux textes des lois d'orientation des décennies précédentes, on note que c'est même la première fois que la question des langues régionales est explicitement traitée, sans aboutir pour autant à un texte qui réponde à nos attentes.
Le ministre Vincent Peillon avait d'abord salué ce travail, et les avancées qu'il proposait, au cours du débat en séance plénière, et il convient de saluer ce salut.
Il n'en demeure pas moins qu'à l'heure actuelle, il faut bien constater qu'une bonne partie de ces avancées ont disparu du texte définitif.
Certes, Les LR sont évoquées une fois de façon positive, dans la seule annexe, et nous ne méconnaissons pas l'importance de l'engagement pris publiquement en séance par le ministre de favoriser la signature de conventions Etat-Région dans les régions où il n'en existe pas encore. Nous ne manquerons donc pas de suivre avec attention la façon dont cet engagement sera concrètement mis en œuvre dans les mois qui viennent.
Mais la rédaction retenue par l'article 27 contredit de fait les références positives insérées dans l’annexe, et constitue par ailleurs une régression inacceptable non seulement par rapport à ce qui avait été adopté par la commission, mais même par rapport au statut actuel des langues régionales, aux textes réglementaires en vigueur et à certaines modalités d’enseignement pratiquées régulièrement par de nombreux enseignants conformément aux programmes officiels.
Par la lourdeur ingérable de la procédure à laquelle il contraint, cet article maladroit ne peut que créer des conflits et des situations absurdes. Ce que l'auteur de cet amendement n'a manifestement pas compris, c'est que l'objet de l'amendement qu'il a « corrigé » ne visait pas à imposer partout l'enseignement d'une langue régionale, mais seulement à permettre que tous les enfants de France aient au moins une information minimale sur l'existence des langues régionales, dans le cadre des programmes de français et de culture humaniste.
Il y a là une anomalie et une régression inacceptables, nous le répétons, qu'il faudra bien corriger le plus vite possible.
Anomalie : la France ne reconnaît pas sa propre diversité culturelle, alors qu’elle a ratifié en 2006 la Charte de la diversité culturelle de l’Unesco.
Régression : les restrictions accompagnant la mention des langues régionales dans l’article 27 bis marquent quasiment un retour à la loi Deixonne, que Jack Lang, ministre de l’éducation en 2001, avait pris soin de faire abroger pour ne personne ne pût soulever de contradiction légale en matière d’enseignement bilingue.

Ce n'est pas sans surprise par ailleurs que nous avons entendu le rapporteur, au cours d'une séance, rejeter un amendement au nom d'une conception binaire de la dialectique entre particulier et universel, comme si faire sa place au particulier d'une culture régionale revenait à nier son ancrage dans ce qui est commun à l'ensemble de l'humanité. Il semble que pour le rapporteur seul le français soit apte à dire l'universel, ce qui somme toute ne pourrait poser problème qu'à un maigre 98% de la population de la planète. Là encore, ne peut-on imaginer d'aller un peu plus loin dans la réflexion ? Faut-il rappeler par exemple la portée universelle des troubadours, le Prix Nobel de littérature de Mistral, l’apport des langues et cultures régionales à la langue et à la culture française ?
Bref, cette première étape du parcours parlementaire de la loi d'orientation ne répond que très imparfaitement - disons-le comme cela - aux attentes de tous les citoyens, de toutes les associations, de tous les élus conscients de la valeur de la diversité linguistique et culturelle...
Comme de nombreux députés, nous avons eu souvent l'occasion de rappeler qu'aux termes de la Constitution, les Langues régionales constituaient un patrimoine national qui devait donc être pris en compte au niveau national, et pas seulement relégué aux seules compétences (et aux seuls moyens) des régions. Il nous semblait que de ce point de vue, il n'était pas irréaliste ou scandaleux qu'au-delà de dispositions permettant enfin le développement de l'enseignement proprement dit des langues régionales, la Loi puisse, comme le demandait la commission, inscrire en clair que les programmes nationaux de français et de culture humaniste continuent d’intégrer pour tous les enfants de France une information basique sur l'existence des langues régionales et leur apport à la culture générale de la Nation.
Faudrait-il modifier, à cause d’un amendement régressif, les programmes nationaux actuels qui, par exemple, disent pour le cycle 3 qu’il convient de « savoir que les langues régionales côtoient la langue nationale » et ailleurs pour la maternelle qu’il convient de « familiariser les plus jeunes à l’écoute de sonorités liées à d’autres langues en prenant appui, en particulier, sur les langues parlées autour de l’école » ?
Il nous semblait aussi que dans un pays qui a toujours eu du mal à assumer sa diversité interne, il n'était pas sans intérêt, du point de vue de l'éducation du citoyen, de valoriser cette diversité telle que l'incarnent, entre autres, les langues et cultures régionales.
Il nous semble enfin très important que la nouvelle loi ne soit pas en contradiction sur ce point avec les textes internationaux ratifiés par la France. en particulier la Charte de l’Unesco relative à la diversité culturelle.
Ainsi, au moment même où nous apprenons que la France, une fois de plus, renonce à ratifier la Charte européenne des langues régionales et minoritaires, nous continuons d'espérer que la suite des débats, au Sénat, et, de nouveau à l'Assemblée, permettront de corriger les manques et les reculs que nous sommes bien obligés de pointer dans le texte tel qu'il est à l'heure actuelle.
Nous suivrons avec une vigilance redoublée les débats à venir. Si refondation de l'école il doit y avoir, nous sommes persuadés, nous, enseignants, parents d'élèves, citoyens locuteurs des langues de France, que ces langues doivent y avoir leur place pleine et entière.