Manifeste affirmant le caractère un et divers de la langue d'Oc

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Maria Joana VERNY

#28 Re: la langue occitane : pourquoi sa négation en tant que langue véritable ?

2012-08-28 11:51

#25: DJ. M. - la langue occitane : pourquoi sa négation en tant que langue véritable ?

Cette vision me semble totalement contraire à la réalité linguistique du monde qui compte des milliers de langues et à peine quelques centaines d'états... Rempllacer un monolonguisme par un autre ne serait-il pas une autre réduction ? Si tant est que ce soit réaliste d'imaginer une "Occitanie"  indépendante... (I a pas d'(Occitania / la trobaretz pas enluòc... disait Joan Bodon)

Parmi de grands intellectuels que j'admire, combien de  polyglottes (Amin Maalouf, François Maspéro, Gilbert Dalgalian, Robert Lafont...) Le monolinguisme est un totalitarisme, un fléau. Le nationalisme vire très souvent au chauvinisme. Si, dans l'état espagnol il s'est auréolé de la lutte contre le totalitarisme franquisme, il s'agit du modèle espagnol. Arrêtons de vouloir copier des modèles qui sont liés à des histoires toutes différentes.

Notre bagarre principale : donner à toutes les langues - dont la langue d'oc - les moyens de vivre, d'exister. Apprenons aussi les langues des autres, au moins quelques mots. En cela la France est un laboratoire merveilleux avec des langues d'origines et de fonctionnement divers.

Et de grâce, cherchons des actions qui nous rassemblent et non pas celles qui divisent. Combien d'occitans sont attachés à la vie de leur langue, de façon plus ou moins active ? Des centaines de milliers ! Et bien d'autres que nous pourrons convaincre en créant partout des événements culturels qui montrent à ceux qui en ont encore honte, la beauté de leur langue. Combien d'indépendantistes ? Une poignée, qui n'ont jamais fourni que des ombres de programme politique et qui font fuir, par leurs mots d'ordres ultra minoritaires, toutes les personnes que nous devons convaincre de la richesse du plurilinguisme et de la dignité de notre langue.

Cette pétition, par ailleurs, n'a pas été conçue comme une tribune politicienne. Si les tenants de l'indépendantisme veulent en créer une, la procédure est simple. Ils pourront y constater l'impact de leurs mots d'ordre.

Mais qu'ils ne donnent pas, dans cette liste de discussion des armes à ceux qui essayent de casser l'unité de la langue au motif qu'occitaniste = anti-républicain.

Réponses

DJ M.

#30 Re: Re: la langue occitane : pourquoi sa négation en tant que langue véritable ?

2012-08-28 20:35:42

#28: Maria Joana VERNY - Re: la langue occitane : pourquoi sa négation en tant que langue véritable ?

Oui, la réalité du monde, ce sont des miliers de langues. La réalité du monde, ce sont quelques centaines d'Etats. Ce qui fait que d'ici quelques décennies, il n'y aura plus que quelques centaines de langues. Ce n'est pas moi qui le dit, je ne fais que rapporter ce qui est établi par l'UNESCO. En effet, selon l'UNESCO :

  • 50 % des langues sont en danger de disparition ;
  • une langue disparaît en moyenne toutes les deux semaines ;
  • si rien n'est fait, 90 % des langues vont probablement disparaître au cours de ce siècle

90 % ! D'après vous, quelles sont ces langues qui vont disparaître ? D'après moi, celles qui sont mises en concurrence avec une autre, parce-que, officialisées ou non, la langue d'Etat la plus employée au sein d'une nation prend à un moment ou à un autre le dessus sur le(s) autre(s).

Il y a de grands intellectuels polyglottes, que je respecte. Mais hélas, l'Humanité n'est pas composée exclusivement d'intellectuels polyglottes et ouverts d'esprit, ce serait trop simple, ça se saurait, et le monde s'en porterait certainement mieux.

Le monolinguisme est un fléau, un totalitarisme ? Dans un Etat multi-ethnique, c'est évident ! une ethnie impose son point de vue, sa langue, sa culture aux autres. Je suppose que comme alternative à l'indépendance pure et simple, vous suggérez d'encourager ce que j'appelle un multilinguisme harmonieux ? Et vous croyez être la première à avoir eu cette idée ? Ne croyez-vous pas que d'autres, et d'envergure, l'ont eu avant vous, Robert Lafont, Frédéric Mistral, Marcel-Félix Castan, pour n'en citer que quelques-uns ? Ils y ont consacrée leur vie et leur énergie... Pour quel résultat ? La langue Occitane n'a jamais cessée de régresser. Est-ce parce-que ils n'ont pas été à la hauteur ? Ou plus simplement est-ce parce-que le multilinguisme harmonieux n'est qu'une utopie, un rêve d'intellectuels polyglottes qui refusent d'admettre l'évidence, à savoir que seul le monolinguisme est viable à long terme. Pour la sauvegarde de la diversité linguistique, je pense que la seule alternative au multilinguisme au sein d'une même nation, c'est le fractionnement de ce monde en autant de nations qu'il y a de langues. Cela n'empêche en rien ceux qui en ont les capacités et les moyens d'apprendre s'ils le souhaitent d'autres langues que leur langue maternelle.

Ce n'est que mon opinion personnelle, je peux me tromper : donc, si vous êtes capable de me citer ne serait-ce qu'un seul exemple de multilinguisme harmonieux durable (citéz vos sources SVP), je veux bien réviser cet argumentaire. Jusqu'ici, les gens comme vous me citent le "merveilleux" exemple de l'Espagne. Ceux-là sont aujourd'hui à court d'argumentaire. 35 ans à peine après la mise en place du système fédéraliste en Espagne, force est de constater que plus que jamais, la relation entre la langue Castillane et la langue Catalane reste une relation conflictuelle, un rapport de force. Pas une relation harmonieuse. Vous évoquez Robert Lafont, que j'ai beaucoup lu moi aussi. Donc, vous vous souvenez certainement de l'exemple éloquent que citait Robert lafont au début des années 70 (il n'allait pas citer l'Espagne Franquiste, anti-Catalane et anti-Basque, évidemment !). Robert Lafont citait un bel exemple d'une nation fédérale pluri-ethnique respectueuse de ses minorités, cohérente et viable : L'URSS ! vous savez comme moi ce qu'il est advenu de l'URSS. L'Histoire nous montre que sur ce point, Robert Lafont s'est trompé. Maintenant, si vous, vous en connaissez un un bon exemple, citez-le moi !

Un dernier point : "occitaniste = anti-républicain"? Qu'est-ce que vous entendez par là ? Je ne vois pas en quoi mon argumentaire est "anti-républicain" ? sauf si "républicain = monolinguisme français", ce qui est un fléau, un totalitarisme (je ne fais que vous citer). Pour moi, "républicain", cela évoque des valeurs comme l'égalité entre tous les citoyens, le droit de vote etc... Quel rapport avec "l'occitanisme" ? ai-je dit quelque-part que j'étais contre le droit de vote ou en faveur d'un système de castes, pour un sytème inégalitaire ? Je ne me souviens pas avoir dit ça !

Les événements culturels rassemblent, c'est un fait... Mais ça reste quelque chose de ponctuel, et ce n'est pas pour ça que ceux qui y ont assisté se mettent à (ré-)apprendre la langue ! Ceux qui croient qu'en multipliant les événements culturels, ça va redynamiser la langue Occitane, ceux-là se mettent le doigt dans l'oeil (ou se donnent bonne conscience ?), du style "Au moins, j'ai essayé ! j'ai organisé un concert occitan dans mon village ! ça a plu ! maintenant, les gens vont se remettre à parler occitan au village ! si toutes les villes d'Occitanie font de même, tout le monde va se remettre à parler occitan !" non, sans déc', vous y croyez ? Moi pas. Ceci dit, ce n'est pas interdit de rêver. Mais en attendant, la langue crève...

Bona serada.

 

PS : Les gens ont honte de leur langue tout simplement parce-que ce n'est pas une langue officielle en France. Si l'occitan était langue officielle, ils n'en auraient pas honte. Au val d'Aran, les gens revendiquent leur occitanité ; ce sont ceux qui ne maîtrisent pas l'occitan qui sont complexés.

DJ M.

#32 La position de Robert Lafont dans les années 1970

2012-08-28 22:09:35

#28: Maria Joana VERNY - Re: la langue occitane : pourquoi sa négation en tant que langue véritable ?

Quelques dernier détails : vous citez ce superbe texte de Joan Bodon "I a pas d'Occitania la trobaretz pas enluòc", un extrait de "Los òmis sens patria"... EN AVEZ-VOUS SAISIT LE SENS ? Dans ce texte, Joan Bodon exprime justement sa frustration, le fait que son pays ne soit pas une véritable nation, et donc que, en conséquence, sa langue ne soit qu'une "sous-langue", en fait, car non-officielle dans la nation Française. C'est ainsi que j'interprète cette chanson, je la comprend comme une métaphore indépendantiste de Joan Bodon.

Vous citez Robert Lafont... Avez-vous vraiment lu Robert Lafont ? Quand Robert Lafont condamne le monolinguisme, c'est au système Français qu'il pense. La situation en France est la suivante pour Robert Lafont : une nation colonisatrice (française) et une nation colonisée (occitane). Robert Lafont ne voyait que trois issues à cette situation : l'INDEPENDANCE (qu'il jugeait très improbable, vu le contexte), l'ASSIMILATION (qui est en bonne voie : les occitans gomment progressivement toutes leurs différences avec les français "du nord", d'abord la langue, puis l'accent etc.), ou l'AUTONOMIE, la solution la plus souhaitable selon Robert Lafont, qui citait volontiers comme exemple celui idéal de l'URSS (dans le même style, il aurait pu citer la Yougoslavie !). Robert Lafont aurait souhaité une évolution politique vers une France fédérale, avec une très large autonomie pour chaque région ethniquement différente, une région Bretagne, une région Basque, une Région Occitane, régions ayant comme compétence une libre politique linguistique ; un système fédéral façon URSS, mais pas forcément communiste, évidemment.

Rétrospéctivement, on sait aujourd'hui que le système Soviétique cachait à l'occident sa vraie nature dans l'ex-URSS, de même en ex-Yougoslavie. En fait de "fédéralisme", l'URSS pratiquait un impérialisme Russe agressif en son sein, même si officiellement elle s'en défendait. Quand à la Yougoslavie, on connait les ravages de l'impérialisme Serbe.

Si Robert Lafont était encore parmi nous aujourd'hui, il prendrait acte de l'échec des pseudo-sytèmes fédéralistes appliqués par les anciens régimes communistes Russe et Yougoslave. Donc, puisque l'autonomie semble déboucher sur une impasse, que reste-il des options proposées par Robert Lafont ? Il n'en reste que deux : l'indépendance ou l'assimilation.

D'après vous, aujourd'hui, avec le recul, que serait Robert Lafont ? Indépendantiste ou assimilationiste ?