Non à la mort programmée des langues vivantes

Profession professeur

/ #7 Re:

2015-05-07 12:38

#4: Professeur -  

 Cher collègue,

 

Vos informations sur les régions frontalières sont particulièrement instructives. Par ailleurs, je partage votre prudence : il ne convient pas de rejeter en bloc et sans discernement une réforme. J'ai cependant du mal à voir exactement les "bonnes idées" que vous lui prêtez car, au-delà, des problèmes horaires bien réels, il y a, aussi, toute une stratégie, comme les auteurs de la lettre ouverte le précisent d'emblée.

On envisage un renforcement de l'interdisciplinarité. Pourquoi pas, en effet ? Seulement, celle-ci ne suppose-t-elle pas, au préalable, une bonne maîtrise disciplinaire, pas si aisée à acquérir ? Si elle lui tourne le dos ou se présente comme porte d'entrée suffisante à cette dernière (cf., en particulier, les EPI ou la globalisation de l'enseignement scientifique), ne tombe-t-on pas dans le flou, le mou et l'arbitraire ?

On insiste sur "la pédagogie de projet"mais lorsque celle-ci est généralisée on aboutit à des monstruosités comme on ne le voit que trop, surtout quand elle est rendue obligatoire, en L.P. ou série STI2D au lycée : limitation de l'acquisition du savoir à quelques finalités pratiques bien définies censées (à tort) intéresser les élèves - on les considère facilement comme des mouches qu'on ne pourrait attirer qu'avec de la confiture - ou inféodation de l'individu au groupe auquel il est sommé de se fondre quitte à limiter ses qualités, ses goûts personnels et ses efforts (avec l'effort, on n'a affaire qu'à soi-même).

Encore une fois, l'interdisciplinarité et même le travail en petits groupes (en langues notamment) peut présenter un intérêt mais s'ils sont institutionnalisés, le professeur n'est plus libre de ses méthodes, sa propre culture n'importe plus et, enfin, il dépend de la politique locale de son établissement. 

C'est bien en cela que le projet de réforme modifie en profondeur l'institution scolaire et son sens.

 

Bien cordialement.