TRAVAIL SOCIAL : PARTICIPONS A L AVENIR DE NOS METIERS

paola

/ #97 je suis pour la reforme

2014-12-04 12:19

Bonjour à tous,
 
Personnellement, je suis pour la réforme. Cette phrase va vous mettre en pétard. Mais en lisant, mes arguments personnels vous comprendrez mieux, pourquoi, j'ai ce positionnement.
 
En 2004, après de nombreuses années de bénévolat, j'ai accédé à la formation assistante de service social après avoir réussi à l'examen de niveau de la DRASS (actuelle DRJSCS). Ma formation professionnelle était transversale à une formation universitaire. Ceci n'a pas été un choix, c'est simplement le fait que le seul établissement qui m'a admis en formation professionnelle imposait ce double cursus. 
 
En ce qui concerne la formation professionnelle, celle ci a été un parcours semé d'embûches.
 
J'ai effectué un stage à la CAF, un stage en service social du personnel où j'ai remplacé l'ass sans aucune indemnité en contrepartie (2ème année). J'ai ensuite fait un stage dans une structure d'accueil pour SDF (3ème année). Dans le cadre de ce stage, j'ai animé l'accueil de jour, accompagné les usagers pour refaire leur papier, distribué des petits déjeuner et nécessaire de toilette. Je les ai encouragés à téléphoner au 115 pour avoir un hébergement. J'ai fait des accueils en soirée. Une à deux fois par semaine, je faisais des maraudes. De ce fait, j'entrais chez moi à plus d'1 heure du matin. J'ai contribué à la stabilisation de plusieurs personnes mais ceci n'a pas été dit dans l'évaluation. J'ai fait autre stage dans une autre structure accueillant des sdf puis un stage cours en polyvalence de secteur.
 
Pour plusieurs centaines d'heures de stage, j'ai reçu 700 euros car une des structures qui accueillaient des SDF avait été satisfait de mon travail. . 
 
Après ma formation de base, j'ai été présenté au DEASS en 2007,2008,2010 et 2011. J'ai ainsi validé le DC2, DC3, DC4.
 
Je n'ai pas validé le DC1, il s'agit du dossier de pratiques professionnelles.
 
Et pourtant ma situation sociale était bonne. En effet, j'ai présenté dans ce dossier la situation d'un homme sans domicile fixe qui était couché devant la structure à mon arrivée. Le responsable de la structure m'a dit "Paola, vous voyez le monsieur qui est couché sur le trottoir, il faut l'accompagner. On a peur de le retrouver mort un de ces matins car dans le coin, il fait très froid la nuit. J'avais déjà de l'expérience bénévole auprès d'une personne sans domicile fixe. Donc j'ai réussi à tisser des liens avec ce monsieur qui avait une problématique psychique. Il a recommencé à manger un peu, à se laver, et à accepte de se faire couper les cheveux et une visite accompagnée chez le psychiatre. En sortant de là, il n'était pas content. Il a menacé de suicider avec les médicaments. On a discuté avec lui. Après, il s'est calmé.
 
 A la demande du médecin, je lui donnais son traitement. Il a pu avoir des contacts avec sa famille, l'as du cmp, son dentiste ect. Ses droits étaient réouverts.
 
Et puis vers la fin de la période hivernale, il a contacté d'anciens amis qui ont accepté de l'héberger. Un jour, j'ai eu la surprise de voir sa famille qui arrivait  de province et qui voulait le voir. Je leur ai donc dit qu'il avait quitté la rue pour aller vivre chez des amis. Bref enfin de période, ce monsieur semblait avoir un certain équilibre du fait de tout ce qui avait été mis en place. 
 
J'ai relaté et analysé tout ceci dans mon dossier de pratiques professionnelles. J'ai tenu à présenter cette situation sociale pour mes 4 présentations au DEASS.
 
Eh ben, voici ce que m'ont dit deux jurys d'ASS "Tu parles, ça se trouve que le gars est encore couché sur le trottoir", "il était vulnérable donc vous avez abusé". En réponse à la deuxième phrase, j'ai répondu "ce monsieur, n'était pas si vulnérable que cela car il était très violent par moment".
 
 S'ajoute à cela que ma formatrice de deuxième année qui avait mis fin à mon stage, 15 jours avant la fin de celui-ci et a prétendu que j'avais maltraité un de ces usagers. Ce qui était faux. Je précise que l'ass du personnel était revenue de son arrêt de maladie pour la visite de stage et que l'affaire de l'usager avait été réglé avec la référente de stage. La référente de stage et l'ass du personnel formatrice de terrain m'avait toutes deux félicitée pour le travail effectué. Au retour de l'arrêt de maladie l'ass a reçu l'usager qui a répété qu'elle avait été maltraitée. En l'absence de l'usager, j'ai dit à l'ass que l'usager avait menti. L'ASS était furax. Elle m'a dit mes usagers ne sont pas des menteurs. Elle s'est levée à balancer des dossiers sur un mur et m'a dit de rentrer chez moi et de revenir demain. Je suis allée en mairie voir une collègue stagiaire. C'est à ce moment là où je vois la DRH que je n'ai pas cherché à rencontrer. Je lui a raconte les faits. Elle me rassure et me dit qu'elle parlera à ma formatrice. Je précise que je ne veux surrout pas qu'elle pense que je dis du mal d'elle.
 
En fin d'après midi, je reçois un coup de fil de l'ass. Elle ne veut plus me revoir dans son service. 
 
Pendant, un an 2006-2007, elle n'a pas envoyé l'évaluation de stage à l'école. Et ce n'est que la veille de la première épreuve DEASS (juin 2007) qu'elle a envoyé cette évaluation à la DRASS (actuelle DRJSCS). Une évaluation qui avait été glissée dans mon dossier sans que l'on porte le contenu à ma connaissance.  J'ai découvert cette évaluation au mois de juillet lendemain après avoir récupéré mon livret de formation. Et je vous fais grâce du contenu. Je n'ai jamais fait de prozélytisme  religieux et pourtant elle dit que j'en ai fait. 
 
A aucun moment, cette dame n'a fait part de tout le travail que j'avais effectué avec ces nombreux usagers surendettés. Mon intervention a évité une saisi de meubles. J'ai accompagné un usager gravement malade au tribunal.
 
L'AS de polyvalence de secteur en a fait de même que l'AS du personnel.  Elle refusait des places du 115 pour une femme handicapée et sdf depuis peu car elle voulait qu'on lui propose à l'usager, un hébergement de longue durée. L'usager dépensait tout son aah dans des nuitées d'hôtel. En l'absence de ma formatrice, j'ai accepté une nuitée en demandant au 115 de faire le nécessaire  pour prolonger du fait de la pathologie de l'usager. Ce qui a été fait. Cette personne ayant des difficultés pour parler, j'ai pris les transports avec elle en fin de journée. Je l'ai accompagnée jusqu'au foyer d'hébergement. Rien de tout ceci n'a été mentionné dans mon évaluation de stage.
 
Tout ceci a mis à mal ma confiance en moi. Chez les éducsp, il y a de la solidarité. Mais les assistantes sociales sont individualistes. En formation, si vous ne rentrez pas dans le moule, on sera sans pitié avec vous et prêt à tout pour vous empêcher d'avoir le DE.
 
Même si vous avez les compétences sans DE, il n'est pas évident de trouver du travail. Tout ceci pour moi est un gâchis car j'ai dépensé des milliers d'euros. J'ai passé beaucoup de nuits blanches. Je n'ai pas pu faire tout ce que j'aurais pu faire avec mes enfants et mon mari. J'ai surtout perdu cette confiance en moi qui me poussait à relever les défis. DONC OUI, je suis pour le changement du système.
 
Merci de m'avoir lu.
 
Cordialement.
 
Paola