Pétition pour le maintien intégral du budget du FRQ

François Larose

/ #62 Impacts sur la recherche sociale... et sur un patrimoine

2012-12-19 16:04

La coupure annoncée, qui concerne à des niveaux et dans des proportions variables les trois fonds québécois, aura des effets délétères particuliers pour ce qui est de la recherche sociale au Québec. Elle agira en synergie avec les coupures ou gels (donc coupures compte tenu des conditions objectives du financement de la recherche universitaire) déjà réalisés par les organismes fédéraux tels le CRSH, le CRSNG et les IRSC. Au Québec, l'émergence des fonds dédiés comme l'ex FCAR ou l'ex CQRSC "réincarnés" sous forme de FQRSC a permis aux chercheures et au chercheurs en sciences humaines et sociales de construire des infrastructures plus ou moins pérennes (Centres et équipes de recherche) dont le rendement scientifique et l'impact sur la formation de la relève se sont avéré significatifs dans les 20 dernières années. L'emphase mise par le FQRSC sur l'importance des activités de transfert des activités de recherche subventionnée à permis, non seulement l'explosion de la diffusion des bonnes pratiques fondées sur des données probantes auprès de populations significatives de praticiennes et de praticiens mais aussi d'établir une tradition chez les acteurs de la relève (étudiantes et étudiants aux cycles supérieurs et jeunes chercheurs) où la pertinence sociale et la pertinence scientifique des activités de recherche sont d'égale importance et toutes deux... incontournables. Par la mise en péril du dynamisme et de la perennité même des unités de recherche universitaire, l'État québécois manifeste encore une fois sa courte vue. Il menace encore une fois la qualité et la perennité de l'innovation en matière de recherche sociale mais aussi en matière de pratique sociale. Si je me fie à l'expérience vécue durant les dernières 21 années, la coupure du soutien financier au FQRSC, équivalente voire plus drastique encore, réalisée au début des années 2000 par un gouvernement du même parti au pouvoir, a eu des effets dévastateurs, notamment au plan des infrastructures de recherche. Le réinvestisssement effectué par le gouvernement sortant entre 2007 et 2012 dans le cadre de la Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation (SQRI)n'a pas suffi à compenser les dommages créés il y a une décennie. Quand les ministres tutélaires de la recherche universitaire au Québec comprendront-ils que les dommages qu'ils causent par une simple opération budgétaire une année ne s'effacent pas par une promesse d'éventuels réinvestissement deux, trois ou dix ans plus tard ? C'est la qualité et la quantité de labeur d'une génération de chercheurs que leurs décision mettent à la poubelle. L'horizon 2017-2020 c'est la retraite pour toute une génération de celles et ceux qui ont construits les infrastructures de recherche sociale actuelles. Je refuse de proclamer "après moi le monde" et je suis attristé par les conditions d'exercice du beau métier de chercheur que l'État et, dans une certaine mesure, nos institutions universitaires, préparent pour la relève. À bon entendeur...