Oui à l'immigration des 25,000 réfugiés de la Syrie

Obama

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2017-01-14 20:34

Barack  Obama   s'apprête à quitter la Maison-Blanche,

un départ éclipsé par l'arrivée de son controversé successeur.

Comme plusieurs autres avant lui, le président sortant a promis d'énormes changements.

A-t-il réussi à les mettre en oeuvre et que doit-on retenir de sa présidence ?

Bilan  en  10  points  de  ses  politiques  nationales.

- Un texte de Yanik Dumont Baron - 

Difficile de juger si tôt des retombées aux États-Unis de la présidence d'Obama, surtout qu'on ne sait pas encore jusqu'à quel point Donald Trump gardera ce que son prédécesseur a bâti.

Difficile de répondre aussi parce que Barack Obama a mis en place une foule de changements subtils, parfois discrets, mais dont le potentiel peut être transformateur à long terme.

1. Transformer le système de santé

Barack Obama a réussi là où plusieurs présidents ont échoué : augmenter considérablement le nombre d'Américains qui reçoivent des soins de santé de base. Son « Obamacare » est détestée et incomprise par bien des gens. Malgré tout, beaucoup en bénéficient sans même le savoir, entre autres, parce que les assureurs ne peuvent plus utiliser les antécédents médicaux pour justifier le refus d'un client. Sa réforme semble aussi avoir ralenti la hausse du coût moyen des primes d'assurance.

Bien des aspects de cette vaste réforme demeurent méconnus. Pourtant, leurs effets sont parfois considérables. C'est le cas des incitatifs pour réduire les infections acquises en milieu hospitalier : 87 000 morts prématurées ont été évitées en 4 ans. En écrivant sa réforme, la Maison-Blanche s'est aussi attaquée aux coûts grimpants dans l'ensemble du système de santé. Résultat : des dizaines de milliards de dollars de moins en dépenses annuelles.

2. Relancer l'emploi

Quelque 598 000 Américains ont perdu leur emploi en janvier 2009, le mois où le 44e président est entré en fonction – la pire crise économique depuis la Seconde Guerre mondiale. Il aura fallu près de 800 milliards de dollars et une série de lois pour stabiliser et remettre l'économie sur ses rails. Difficile de bien mesurer les effets réels de ces mesures dans l'économie. Impossible, par contre, de dire qu'elles n'ont pas aidé le pays.

Les chiffres sur l'emploi offrent un bilan partagé. Les indicateurs comme le salaire médian et le taux de pauvreté ne sont pas revenus à leur niveau d'avant la récession, mais ils semblent se déplacer dans la bonne direction. Et le déficit a été largement réduit. Discrètement, les mesures de stimulation de l'économie ont aussi permis d'éviter le pire à bien des familles au bord de la pauvreté. Certaines de ses mesures étaient temporaires, d'autres ont aidé à réduire légèrement les inégalités économiques entre les plus riches et les plus pauvres.

3. Sauver le secteur automobile

Les grands de l'auto faisaient partie de la série de problèmes qui menaçait l'économie américaine en 2009. GM et Chrysler étaient au bord de la faillite; jusqu'à 1 million d'emplois étaient en péril. L'opinion populaire semblait vouloir laisser les géants manufacturiers à leur propre sort. Barack Obama a plutôt choisi de les aider. Les milliards prêtés ont sauvé bien des emplois et contribué à en créer plus de 500 000 autres.

Avec ce sauvetage, Washington est devenu en quelque sorte un actionnaire temporaire de ces compagnies. L'administration Obama en a profité pour arracher des engagements en matière d'efficacité énergétique. Les nouveaux véhicules consomment moins d'essence et polluent moins. Le développement et l'utilisation des véhicules hybrides et électriques se sont aussi accélérés.

4. Produire de l'énergie autrement

L'administration Obama a aussi changé les façons de produire de l'énergie. Les programmes de stimulation de l'économie contenaient plusieurs mesures pour aider au développement des énergies renouvelables. Certaines ont très bien fonctionné, au point où le solaire et l'éolien produisent maintenant plus d'énergie aux États-Unis que le nucléaire. La place du polluant charbon a diminué.

Sous Barack Obama, la croissance annuelle de la consommation d'énergie a ralenti. C'est, entre autres, l'effet d'une série de mesures visant à augmenter l'efficacité énergétique dans toutes sortes de domaines, dans les transports comme dans les parcs immobiliers. Ainsi, une seule mesure touchant les chaudières industrielles et les grands climatiseurs installés sur les toits a permis de réduire de façon remarquable les factures d'énergies et les émissions polluantes.

5. La plume devant l'obstruction systématique

Certains y ont vu des motivations raciales. Les élus républicains semblent avoir tout fait pour bloquer les avancées législatives du président Obama. Un seul républicain, par exemple, a voté en faveur de sa réforme sur la santé. Les républicains ont aussi utilisé l'élection présidentielle comme prétexte pour ne pas se pencher sur le choix de Barack Obama pour combler le dernier siège à la Cour suprême, et ce, même si Merrick Garland a été nommé huit bons mois avant le vote de novembre. 

C'est le refus qui risque le plus de perturber l'héritage du président sortant.

Barack Obama a tenté de contourner ce Congrès récalcitrant du mieux qu'il a pu, notamment en signant des décrets là où la loi le lui permettait – des décrets fragiles, qui peuvent être annulés par son successeur. D'ailleurs, le président désigné, Donald Trump, a promis de choisir des juges aux valeurs conservatrices pour la Cour suprême. Ce choix devrait influer sur l'orientation idéologique du plus haut tribunal des États-Unis.

Les progrès sociaux acquis sous Barack Obama, comme la légalisation du mariage gai, pourraient subir des reculs.

6. Repenser le système d'immigration

C'est un des domaines dans lesquels les efforts du président se sont heurtés aux divisions politiques, à la réticence des élus. Les républicains qui contrôlent la Chambre des représentants ont refusé de permettre un vote sur un important projet – pourtant bipartisan – de réforme du système d'immigration. Pourtant, l'idée avait gagné en popularité au début de la présidence de George W. Bush, avant d'être écartée par les attentats du 11 septembre 2001.

 En utilisant ses pouvoirs présidentiels, Barack Obama a pris plusieurs mesures pour protéger ceux qui habitent déjà aux États-Unis sans avoir les autorisations nécessaires. Les autorités expulsent en priorité ceux qui ont un casier judiciaire. D'autres mesures, adoptées par décrets, visent à protéger un peu plus de 5 millions de sans-papiers. 

Mais la plupart des personnes admissibles n'ont pas eu le temps de « sortir de l'ombre » (selon l'expression du président) et les tribunaux ont bloqué certaines mesures.  Donald Trump a promis de les révoquer.

7. Des larmes devant les balles

C'est sous Barack Obama que les Américains ont pris connaissance de l'ampleur des mesures de surveillance déployées à l'échelle de la planète au nom de leur protection. Les révélations proviennent en grande partie de documents volés par le lanceur d'alerte Edward Snowden. Les Américains ont été choqués d'apprendre que les données touchant des millions de leurs appels téléphoniques et de leurs courriels étaient conservées et que plusieurs grandes compagnies américaines collaboraient secrètement avec les espions de la NSA.

Le président a défendu ses programmes avant d'en demander une réforme. 

Les principales mesures sont jugées insuffisantes par les défenseurs de la vie privée.

Le public oublie parfois que Barack Obama est un président qui a été très sévère envers les lanceurs d'alerte, surtout s'ils révélaient des informations militaires – un traitement perçu comme une forme d'avertissement pour les fonctionnaires qui seraient tentés, eux aussi, de tirer la sonnette d'alarme.

9. Relations raciales tendues

C'est l'ironie qui a accompagné le premier président afro-américain : les divisions entre Blancs et Noirs (et Latino-Américains, dans une moindre mesure) semblent s'être accentuées durant sa présidence. Peut-être est-ce le résultat d'une certaine pensée magique, de cette croyance que l'élection d'Obama allait effacer des décennies d'esclavage, de ségrégations légales et de subtiles discriminations.

Les morts de Trayvon Martin et de Michael Brown ont secoué le pays.

Les manifestations du mouvement  Black Lives Matter  ont rappelé que la question était loin d'être réglée.

La présidence Obama a enflammé les passions, mais le mouvement de revendication n'a eu que des effets minimes sur un problème aux racines bien complexes.

De plus en plus de policiers doivent porter des caméras lorsqu'ils sont en public, par exemple, mais ces caméras ne sont pas toujours activées, et lorsqu'elles le sont, les images ne sont pas toujours concluantes. Certains corps policiers ont révisé leurs méthodes d'entraînement pour tenir compte des préjugés implicites. Autant de petits pas qui n'ont pas empêché plusieurs morts qui semblent injustifiées.

Malgré les manifestations, peu de policiers ont été reconnus coupables après avoir été accusés d'avoir causé la mort d'un Afro-Américain.

10. Un président jeune et cool

Barack  Obama  avait  47  ans  lorsqu'il  a  été  élu, soit une bonne quinzaine d'années de moins que son prédécesseur. Son arrivée signalait un changement de génération à la tête du pays. Un changement qui s'est remarqué aussi dans l'attitude du président : sa capacité à rire de lui, sa maîtrise de la culture populaire américaine, son habileté à utiliser les médias sociaux pour livrer son message.

C'est aussi un président qui a essuyé les critiques et les insultes avec grâce.

La plupart des observateurs s'entendent pour dire que Barack Obama quitte la Maison-Blanche sans avoir causé de grands scandales. Ses adversaires, cependant, lui reprochent les vérifications ciblées par le fisc américain d'organisations associées au Tea Party ainsi que la mauvaise gestion des longs temps d'attente pour les soins médicaux des anciens combattants. Des taches à son dossier, certes, mais qui ne devraient pas occuper une place aussi importante dans la mémoire collective que les relations de Bill Clinton avec Monica Lewinsky ou la vente d'armes à l'Iran pour financer les Contras au Nicaragua sous Ronald Reagan.