Sauvons la Forêt de Taillard

Lug

/ #2461 PENURIE ELECTRIQUE, L' EOLIEN DEPASSE ET LE NUCLEAIRE QUI BAT DE L' AILE...

2016-11-06 10:41

Tous les spécialistes de l' électricité nous annoncent un hiver difficile, surtout s' il devait y avoir une vague de froid. Il reste encore à la date d' aujourd'hui 20 réacteurs nucléaires à l' arrêt sur 58, depuis plusieurs jours la France importe massivement des KWh alors qu' en temps normal elle était exportatrice... On aurait pu espérer compter sur la production éolienne censée prendre le relais, mais non, rien ou presque, faute de vent : selon les chiffres des derniers jours, la puissance éolienne effective évolue entre 500 MW et 2000 MW selon les jours et heures, soit 5 à 20% de la puissance installée. Par contre, les moyens thermiques polluants ont dû être fortement sollicités, à plus de 5000 MW de puissance effective, ce qui entraine des rejets moyens de CO2 qui ont plus que doublé par rapport à la moyenne de 2015 !!! ET CELA EN PLEINE OUVERTURE DE LA COP 22....

- Pourquoi cette situation ?

La découverte de "malfaçons" sur les générateurs de vapeur de nombre de réacteurs, qu' il faut contrôler dans l' urgence et sans doute réparer est la première explication, mais pas la seule. Notre parc nucléaire est vieillissant, nous savons tous que sa prolongation pour une durée de 50 à 60 ans espérée par EDF ne va pas de soi : le "grand carrénage" nécessitera 50 milliards d' euros selon EDF, à l' horizon 2025, et même 100 milliards selon la Cour des Comptes, sur une période de 10 ans de plus, il est vrai. Ce qui est incontestable, c' est que la France n' a pas su anticiper, contrairement à d' autres pays, en ne mettant en place aucun renouvellement de son parc, hormis le très controversé EPR de Flamanville...

Si on se penche sur les choix qui sont faits par d' autres pays, la "transition énergétique chinoise" nous offre une stratégie cohérente, car les chinois ont compris que l' on ne pourrait pas lutter efficacement contre le réchauffement climatique sans s' appuyer sur le nucléaire. Ils ont donc un programme ambitieux de recherche et d' équipement qui passe par leur participation à des investissements étrangers comme celle de la Cie chinoise CGN à l' EPR d' Hinckley Point : cela leur permettra de "capter" nos technologies pour les améliorer ensuite, et éventuellement nous faire concurrence. Mais parallèlement les chinois ont aussi une stratégie nationale, avec le développement de leur propre réacteur national "Hualong One", inspiré des réacteurs français de 900 MW mais perfectionnés à la "sauce chinoise". Cela débouchera sur un ambitieux programme d' équipement futur : le pays a déjà 35 réacteurs en fonctionnement pour une puissance installée de 31 600 MW ; 20 réacteurs sont déjà en construction, 20 autres vont démarrer leurs travaux très rapidement, et en 2030, la Chine disposera de 110 unités en fonctionnement. Cela s' accompagne aussi d' une stratégie d' exportation vers le reste du monde, surtout les pays émergents : plusieurs dizaines d' états sont intéressés par les réacteurs chinois...

Mais d' autres pays développent aussi des stratégies propres de retour au nucléaire, comme l' Inde, le Brésil, mais aussi la Russie et même les EUA avec le concept de leur nouveau réacteur AP 1000... La France, dans tout cela prend du retard, engluée dans les problèmes financiers d' AREVA et d' EDF, et il n' y a pas loin qu' un pays qui fut jadis à la pointe de l' industrie nucléaire soit contraint de passer commande, demain ou après-demain, de réacteurs chinois...

- L' éolien pouvait-il fournir des réponses ?

Il suffit de faire rappel de ce que l' éolien, comme le PV, est un moyen de production électrique intermittent, donc dépendant totalement des caprices peu prévisibles du vent. Or l' électricité n' est toujours pas stockable, sauf pour une petite part de la production, par les STEP (Stations de transfert d' énergie par pompage). Les STEP représentent 99 % de la capacité totale de stockage dans le monde, tous les autres moyens sont coûteux, marginaux, de capacité très limitée, et il n' y a guère de progrès technologiques envisageables à moyen terme. 

Le développement de l' éolien est donc voué à rester très marginal, car c' est une technologie ringarde qui n' a pas évolué depuis les dernières années. Les industriels de l' éolien disposent de dizaines d' avocats d' affaires, de fiscalistes et de banquiers qui se contentent d' exploiter la rente exhorbitante que les ménages leurs servent par le biais des taxes du type CSPE et autres. Mais ils n' ont pas investi dans des technologies plus performantes qui auraient permis de faire baisser sensiblement le coût du MWh qu' ils produisent, ils préfèrent se contenter de prendre l' argent des pauvres (les consommateurs) pour le distribuer aux riches (leurs banquiers et leurs actionnaires)...

Les chinois aussi ont investi dans l' éolien, mais leur réalisme les conduit aujourd'hui à revoir cette stratégie, comme dans de nombreux autres pays : ils constatent tout d' abord que 15 % de l' électricité éolienne produite n' est pas utilisée, faute de réseaux pour l' évacuer en fonction des consommations ; le chiffre atteint même plus de la moitié de la production éolienne de la région du Xinjiang, peu peuplée mais très ventée... En outre les surproductions fréquentes leur font courrir de gros risques de "black-out"...

Enfin, comme en Allemagne, et en ce moment en France, on voit bien que l' éolien nécessite en regard une puissance thermique installée qui est source d' émission de CO2, donc qui contrevient fatalement aux engagements de la COP21...

La France et ses responsables doivent donc comprendre, comme nombre d' autres pays, que les EnR intermittentes ne sont pas la solution électrique de l' avenir. Sans préconiser un retour pur et simple au nucléaire, il faut préconiser une accentuation de la recherche, en allant vers des procédés industriels fiables d' énergies renouvelables, voire vers une génération d' éoliennes urbaines silencieuses (comme certaines expérimentées au Royaume-Uni). 

Sources :

- Article de Ludovic GRANGEON, "Eolien : prendre l' argent des pauvres pour le donner aux riches", dans "Economie Matin",

- Emission France-Inter "Le téléphone sonne" du 2 novembre, "20 réacteurs sur 58 à l' arrêt...",

- Lettre Géopolitique de l' électricité n° 67 (octobre 2016).




Publicité payante

Nous ferons la promotion de cette pétition auprès de 3000 personnes.

Apprendre encore plus...