Pour que le "suivi de carrière" ne soit pas mis en oeuvre

ANONYMOUS?

/ #20 Re:

2016-02-04 08:08

#13: MC Anonyme -  

 

Cher anonyme,

 

Peut-être est-ce la jeunesse qui vous amène à tenir de telles positions. Effectivement, devenir un « excellent » élève, apprendre des langues, passer brillamment les concours nécessite des qualités d'obéissance et de discipline qui sont à peu près les mêmes que celles exigées pour la formation d'un pianiste virtuose ou d'une danseuse étoile. Dans ce cas vous passerez brillamment le CAPES, une Agrégation et la solidité de votre thèse vous fera peut-être trouver un poste à l'Université. Si vous aimez les gens, que vous les comprenez, vous pourrez même être bon prof.

Après il y a la recherche. Pour être valable, la recherche exige de l'anticonformisme, une inquiétude constante concernant toutes sorte d'idées neuves, la capacité à changer de point de vue en permanence. Cela se fait dans la solitude, tout le monde n'est pas capable de cette solitude, et c'est aussi très fatiguant psychologiquement. Et là ce n'est plus la discipline militaire qui compte mais une forme d'anarchisme épistémologique qui engage une attitude d'ouverture très athlétique pour l'esprit.(voir ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Anarchisme_%C3%A9pist%C3%A9mologique).

C'est donc une question de vases communicants : quand on resserre la surveillance la recherche va moins bien, c'est de ça qu'il est question dans cette pétition, et pas de savoir si nous sommes une armée dont chacun serait un soldat contrôlé, orienté vers la réalisation d'objectifs évaluables et précis. Il va falloir penser ce paradoxe.

 

Olivier LONG (MCF Université Paris 1).