Pour que le "suivi de carrière" ne soit pas mis en oeuvre

Christophe Mileschi

/ #10 Re:

2016-02-02 12:03

#3: C -  

L'expression "comptes à rendre à son employeur" est déjà, en soi, assez effrayante, s'agissant de la recherche (et non du respect de ses horaires, de ses obligations de service, etc.), et même, plus précisément, d'une prétendue évaluation de la qualité de la recherche. Et s'agissant aussi, quant à l'employeur, de l'Etat (le plus froid de tous les monstres froids, Nietzsche), dont on remarque, particulièrement ces temps-ci, combien il est ouvert à la contradiction (amis politologues, économistes, juristes, philosophes, historiens, rangez vos analyses critiques, l'évaluation arrive à grands pas vous inciter à la prudence conformiste), et s'agissant aussi des universités elles-mêmes, où l'hyperprésidentialisation, la caporalisation de la gouvernance, ne laisse rien augurer de bon, lorsqu'on pourra châtier les gêneurs en alourdissant leurs tâches impunément (cf. affaire Mezzadri à Avignon).

En l'occurrence, en outre, il ne s'agira nullement de "rédiger quelques pages de temps en temps": il s'agira bien d'être rangé dans l'une de ces trois catégories (déjà en vigueur pour les demandes de congé, promotion etc.): A,, B, C. Mécaniquement, je dis bien: mécaniquement, une population donnée d'une discipline donnée se répartira selon ces trois catégories: il y aura des A, des B et, forcément, des C. Je dirais, intuitivement: 20 ou 30% de A, 30 ou 40% de B, et le reste en C.

La comparaison avec la situation des chercheurs du CNRS est faussement éclairante, et, au vrai, tout à fait trompeuse.

Quant au culte de l'évaluation, qui est un des bras armés de la violence économique qui triomphe aujourd'hui dans tous les domaines, il ne peut pas être mauvais de lire quelques travaux sérieux sur la question: afin de ne pas traiter d'une question notoirement complexe, humainement très sensible, et, pire, le plus souvent professionnellement contre-productive, en se contentant de lancer quelques slogans propres à rallier à bon compte le bon gros bon sens dont on sait les dangers politiques.