Soutien aux salariés du CIDE en grève


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2014-05-24 07:33

Mon expérience d'accompagnement de patients (depuis 15 ans en institution et en cabinet libéral) me confirme chaque jour davantage la nécessité d'une réflexion personnelle approfondie sur les liens entre ma pratique, ma façon d'y être et les théories qui en éclairent la trame. Sans cela, le psychologue perd sa spécificité qui est de permettre au patient de rencontrer quelqu'un "à part" dans le système de soins et dans son environnement relationnel, car l'intérêt pour le patient est bien de se trouver face à un autre, différent des autres en ceci qu'il garde le patient de ses propres projections mentales et émotionnelles, issues du pathos individuel et collectif que porte en soi tout un chacun: je défie quiconque en ayant fait véritablement l'expérience de démontrer que ce "pas de côté" n'est pas un travail! Ainsi ce temps de travail du psychologue permet au patient de se (re)trouver lui-même, se réfléchir lui-même, conditions nécessaires à son autonomie et donc à sa santé. La suppression de ce temps dédié qu'est le DIRES constitue donc un "empêchement de penser" du psychologue en institution, souvent masqué par des velléités louables qui ne prennent pas en compte l'intérêt pour le patient de la spécificité de notre exercice et font même en sorte de la nier; or un psychologue qui ne pense plus "qui suis-je dans ma pratique ? " avec les références propres à sa profession est un psychologue mort: quelles conséquences pour les patients? Pour les équipes? Je pense que la suppression du temps DIRES, menace concrètement et symboliquement notre profession. C'est la raison pour laquelle je soutiens pleinement l'action de mes collègues exerçant en Institution.

Roseline MORFIN