Non à la taxe kilométrique-Neen aan de kilometerheffing-


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/ #25376 votons l'éviction de ces manipulateurs

2014-03-01 14:21



Opinion

Belgique : florilège sur la taxe kilométrique

Publié le 13 février 2014 dans Belgique



Qui veut réellement de la taxe kilométrique en Belgique ? Initialement pour : les partis francophones traditionnels. D’emblée contre : les citoyens. Retour imagé sur un rétropédalage politique du plus haut ridicule à quelques mois seulement des élections.

Par Oliver Rach, depuis Liège, Belgique.



Les hommes forts des partis politiques francophones belges ont l’intelligence politique de poulpes avinés, ou de bourricots trépanés, on ne sait trop. Ils méritent en tout cas une place en vue dans le zoo le mieux coté du pays, ou à tout le moins au cirque Bouglione, c’est certain. À quelques mois seulement de l’échéance électorale du 25 mai 2014, ils ont une fois de plus étalé sans la moindre honte leur caractéristique la plus notable, à savoir cette bêtise ahurissante qui ferait passer François Hollande pour le plus fin stratège européen de sa génération.

Pour rappel, les élections à venir s’avèrent cruciales. Elles constituent en effet l’ultime scrutin électoral avant les communales de septembre 2018 — sauf élections fédérales anticipées. Dès lors, tous les partis sont sur la brèche : les perdants seront condamnés au purgatoire des faibles subventions publiques pour quatre longues années. La course aux strapontins a ainsi gagné la joyeuse troupe au pouvoir : PS, MR, cdH et Ecolo s’agitent dans l’arène politique depuis le début de l’année. Ils inondent l’électorat de promesses alléchantes et mettent en vitrine leurs bouffons les plus distrayants pour épater la galerie. Avec des airs mystérieux, tout en strass et paillettes, l’illusionniste Magnette affirme qu’il fera sortir de son chapeau magique l’emploi des jeunes dont il vient de parachever la disparition. Sous les rires moqueurs de la foule hilare, le clown Charlot clame qu’il veut baisser les impôts alors qu’il a participé à l’augmentation de ceux-ci de 7,7 milliards d’euros en moins de quatre ans. Encouragé par les vivats d’un public vieillissant, le dompteur de grenouilles (de bénitier), Lutgen Junior, tente de dresser la nouvelle génération aussi bien que son père la précédente. Avec un sourire tout en dents, la danseuse-étoile Emily gratifie la foule admiratrice de grands jetés, laissant croire aux spectateurs niais, en flottant dans les airs, que ses pieds bots ne retomberont jamais sur le sable économique d’où ils viennent de décoller. Ah ! Qu’est-ce qu’ils sont divertissants ! On oublierait presque que tous les quatre participent aux jeux du pouvoir à un échelon ou l’autre du pays.

Mais voilà que, patatras, en pleine représentation, les bouffons et leurs acolytes se prennent les pieds dans le tapis rouge et s’étalent en ribambelle sous les yeux ébaubis du public. C’était pourtant simple, non, de mettre un pied devant l’autre ? Tout ce qu’ils devaient faire, en cette période de spectacle, c’était créer du rêve, gommer le réel, tempérer leur nature profondément déséquilibrée et pernicieuse. Une gageure certainement trop difficile pour ces artistes subsidiés :



Les spectateurs belges, déjà parmi les plus imposés au monde, allaient donc devoir payer une nouvelle taxe pour subir les gesticulations des bouffons ? Prévisible… mais le moment choisi pour l’effet d’annonce n’était certainement pas le plus opportun dans l’optique des strapontins à acquérir : les pieds dans le tapis rouge, je vous disais.

Immédiatement, un gros moustachu nommé Vervoort intervient sur la scène : bardé de son titre de Ministre-président de la Région bruxelloise, le Monsieur Loyal local affirme que cet incident était prévu, qu’il faisait partie du numéro, qu’après tout cette taxe kilométrique est un système juste.


Projet pilote de taxation au kilomètre: Rudi Vervoort fait le point

— Utiliser les transports en commun, se défend-il à l’attention des distraits, c’est aussi payer pour aller travailler.

Ce que le gros speaker socialiste ne comprend pas, c’est que sa comparaison souffre d’impertinence : faire le plein d’essence, c’est aussi payer pour aller travailler. Ce que cet ersatz de Monsieur Loyal ne comprend pas, c’est que, sans même évoquer la taxe automobile, les conducteurs belges subissent déjà une taxe kilométrique : elle s’intitule accises, porte sur le carburant et rapporte plus de 4 milliards d’euros chaque année aux autorités du pays.

Bref, les spectateurs, las de la tonte fiscale en hiver, montrent leur frilosité et lancent une pétition sur Internet : en trois jours à peine, elle récolte 150.000 signatures. Un camouflet pour les autorités régionales, dirigées en francophonie par le PS, le cdH et Ecolo. Une aubaine pour l’opposition du MR ? Pas si sûr : lisez plutôt.

Réalisant leur boulette, les bouffons rétropédalent : ils ne vont tout de même pas se couper d’une telle partie de l’électorat aussi près des élections ; ce serait suicidaire, tant de strapontins rémunérateurs perdus ! Cette taxe kilométrique, ha ha, ils n’en ont jamais voulu ! Qui donc a eu cette idée folle ?

Le PS, pourtant à la tête de la Région bruxelloise et de la Région wallonne, toutes deux signataires de l’accord, confie alors à l’illusionniste Magnette la délicate mission de détourner l’attention du public :



D’autres amuseurs publics du parti rouge arrivent à la rescousse de leur président emberlificoté dans ses tours de passe-passe. Le cracheur de feu Tarabella et le mime Flahaut se la jouent pros de la com’, en ne négligeant pas la carte de l’indignation ou celle de l’humour :



Tout de suite, le cdH embraye par le numéro de son dompteur de grenouilles, Lutgen Junior :



Ecolo, à son tour, relance dans l’arène sa danseuse-étoile Emily, dont les sauts de cabri sont accompagnés par la musique baba-cool d’un guitariste moustachu :



Personne ne veut de cette taxe, spectateurs chéris ! Nous n’en voulons pas à votre argent ! Avec nous, vous ne recevrez que des bisous !

Mais catastrophe, rien ne se passe comme prévu. Le dompteur de grenouilles, Lutgen Junior, est le premier à se casser les dents sur son numéro — ce qui ne manque pas faire frémir Emily. L’on révèle en effet qu’il avait signé le projet de taxation au kilomètre lorsqu’il était ministre des travaux publics.



Dans ce document, l’on retrouve aussi les signatures du bonimenteur Demotte (PS), du ventriloque Antoine (cdH), du pickpocket Henry (Ecolo), de l’hypnotiseur Picqué (PS) et de l’échassière Huytebroeck (Ecolo). Qu’y lit-on ? Qu’une taxe kilométrique « éventuelle » pourrait prochainement frapper les véhicules des particuliers. Catastrophe ! Les partis des majorités régionales, PS, cdh et Ecolo, seraient donc impliqués ?



Le fourbe saltimbanque Borsus (MR), sortant de l’ombre de l’opposition, voit là une occasion de porter un peu de lumière sur ses prestations remarquables. Admirez un peu : il jongle avec pas moins de 16 mandats à la fois, 8 bleus — les rémunérés — et 8 blancs — ceux qui ne le sont pas.



Ainsi donc, nous apprend le jongleur émérite, plus d’un million d’euros a été alloué à Stratec pour pondre cette étude de mobilité ubuesque ? Ainsi donc, les contribuables se sont délestés de plus d’un million d’euros pour des projets fiscaux dont personne ne voudrait ? Incroyable !

Didi le clown, compère du Charlot précité, entre en scène pour porter l’estocade au cerbère tricéphale de gauche. À peine dans l’arène, il fait s’esclaffer tout le monde : c’est un nain. Vêtu d’un costume haut en couleur, il lève ses petits bras aux cieux et lance des incantations :



Hélas pour lui (aussi) : si les paroles s’envolent, les écrits restent. Le journaliste Bertrand Henne relève que, dans le livre dont il fait actuellement la promotion, Didi le clown vante les mérites de la taxe au kilomètre. Paf ! Le coup ne vient pas d’où on l’attendait. Le public rit. En redemande.



S’ensuit un échange de tweets auquel succombe le nain étranger aux affaires. En pleurs, il s’enfuit, à l’aide de ses petites jambes, en direction des coulisses qu’il n’aurait jamais dû quitter. La foule en délire applaudit.



Désorganisés, pantois, blafards, les bouffons qui restent sur la piste continuent leurs représentations, vaille que vaille, sous les sifflets du public. Ceux qui n’ont pas leur nom impliqué dans la tragicomédie de la taxe kilométrique continuent à scander, comme un mantra, que personne n’en veut, que personne n’en veut, que personne n’en veut, regardez nos numéros-qu’ils-sont-beaux-mesdames-et-messieurs, votez pour nous, votez pour nous, nous avons besoin des strapontins chers spectateurs.

Mais la foule distraite se focalise vers les hauteurs. Non loin de l’acrobate Destexhe, dit « le déménageur », qui se balance de trapèze en trapèze, dans l’attente haletante de pouvoir saisir une main allochtone pour mieux la balancer en-dehors des filets de sécurité, non loin de ce trapéziste de l’extrême, donc, l’équilibriste Elio, fièrement dressé au sommet d’une pyramide de lois, de décrets, d’arrêtés et de multiples règlements, arrogamment perché en haut de cette édification faite de bric et de broc, l’équilibriste Elio chancelle. Il va chuter.


















L'auteur



Oliver Rach

Oliver Rach, juriste de formation, est un Liégeois touche-à-tout, attentif à la transformation de sa ville, féru de politique nationale, épris d’histoire et passionné par les arts narratifs.

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