CONTRE la loi ESR "Fioraso", parce que POUR la langue française !

Thibault

/ #1114 Contre l'enseignement en anglais

2013-05-11 14:33

La mise en place d'un enseignement dispensé en anglais est une fausse nécessité. Je suis étudiant à l'université depuis maintenant 5 années. Le métier auquel je me destine exige une parfaite maîtrise de deux langues étrangères au minimum et pourtant, je n'ai jamais éprouvé le besoin de bénéficier d'un enseignement dispensé entièrement en anglais tout au long de mon cursus car tout étudiant souhaitant acquérir un bon niveau en langues dispose déjà de multiples ressources au sein de l'université (centres de ressources en langues, cours en accès libre, séjours à l'étranger, programmes de rencontres avec des étudiants étrangers dans sa propre université comme le programme Tandem, et j'en passe). Côtoyant quotidiennement mes camarades étudiants, je constate que le faible niveau en langues ne procède pas d'un manque de pratique, mais bel et bien d'un manque de motivation et d'appétence. Par conséquent, ce n'est pas en imposant l'anglais dans les universités que les compétences linguistiques s'amélioreront miraculeusement chez l'étudiant français. Un enseignement dispensé en anglais, si performant soit-il, n'aura un effet bénéfique que si le bénéficiaire de cet enseignement fait preuve de volonté en mettant en œuvre les moyens et les efforts nécessaires que seul lui peut décider ou non de fournir. Si à l'inverse cet enseignement est confronté à un hermétisme complet de la part de l'étudiant, ses bénéfices ne se feront pas sentir. Un enseignement dispensé en anglais n'augmentera donc ni la motivation ni, par conséquent, les compétences. En revanche, il contribuera à encourager le recours à l'anglais dans tous les contextes de la vie quotidienne (de la communication de groupe à l'entretien d'embauche en passant par les relations individuelles) et à diminuer de ce fait le niveau de maîtrise de la langue française qui résultera de la place prépondérante qu'occupera l'anglais dans leur vie. Ainsi, l'ascenseur social que ce projet de loi prétend réparer restera irrémédiablement en panne.

Par ailleurs, les universités françaises sont loin de manquer d'étudiants étrangers : nombreux sont ceux à qui l’intérêt pour la culture et la langue françaises suffit pour venir étudier en France, sans oublier la valeur des diplômes français à l'étranger. Des ressources pour le rayonnement universitaire de la France, nous en avons ! Il est inutile d'y ajouter l'anglais qui ne constituera pas un atout, mais au contraire une véritable menace non seulement pour la préservation de notre langue mais aussi et surtout pour la dégénérescence des performances orales et écrites du français chez les francophones qui ne connaitront pratiquement plus que l'anglais.

J'espère que toute personne un tant soit peu clairvoyante perçoit à travers ce projet de loi l'intérêt purement politique au nom duquel une culture et une langue sont sacrifiées. C'est beau d'investir dans la formation mais il serait tout aussi vertueux de déterminer plus judicieusement les priorités essentielles.