NON à l'usine de METHANISATION à LA TORCHE !

visiteur

/ #232

2018-01-02 09:34

Dans l’Eure, l’usine de méthanisation fermée provisoirement par le préfet
http://www.paris-normandie.fr/actualites/economie/environnement/


Virginie Veiss| Publié 15/11/2017

 
Honguemare-Guénouville. Après deux ans d’avertissements, le préfet a fait provisoirement fermer l’unité de méthanisation. Elle n’a pas été mise aux normes et nuit à ses alentours. Explications.
 

Cela faisait plus de deux ans que des irrégularités étaient signalées à la préfecture par des riverains de l’usine de méthanisation située à Honguemare-Guénouville. Le préfet de l’Eure, Thierry Coudert, a fini par ordonner, lundi, la fermeture provisoire de l’exploitation. Il a pris un arrêté dans les jours qui ont suivi cette décision.

Michel Dezellus, maire (LR) de la commune et exploitant de vaches laitières avait construit et mis en service en 2015, cette unité de méthanisation, un espace de valorisation énergétique de déchets naturels.

« Depuis l’ouverture de l’usine, des infractions étaient signalées. Les procédures lancées et les amendes infligées à l’exploitant, dont la dernière s’élève à 10 000 €, n’y ont rien fait », explique le préfet Thierry Coudert. Odeurs pestilentielles, rejet d’eau usées sur la voirie, eaux polluées, etc : les charges contre le méthaniseur sont lourdes.

L’exploitant sanctionné

Le préfet s’est lui-même rendu sur place lundi, accompagné du sous-préfet et de la directrice de la Direction départementale de la protection de la population (DDPP), pour apprécier de la situation et rencontrer l’exploitant, Michel Dezellus.

« Ce genre de dysfonctionnements nuit aux méthaniseurs et à leur image, ajoute le préfet. Puisque nos multiples avertissements n’ont pas été entendus, nous avons fini par décider la fermeture provisoire. L’exploitation ne pourra fonctionner de nouveau que si M. Dezellus se met en conformité », poursuit le représentant de l’État. Une fois la remise aux normes effectuée, les services étatiques seront chargés d’effectuer de nouveaux contrôles afin que le préfet lève son arrêté de fermeture.

Mais Michel Dezellus conteste la décision et ne compte pas en rester là ! Il explique même « avoir respecté la totalité des mises en demeure ».

Abasourdi

Contacté par téléphone, il se désole de cette décision et se dit « abasourdi. J’ai avisé le ministère et contacté l’association des méthaniseurs de France. Le préfet est venu, n’a rien regardé et a décidé de fermer. Il met en péril l’emploi de mes six salariés (quatre travaillent à la ferme et deux pour la méthanisation, Ndlr). Le site est clean. J’avais une torchère déficiente mais elle sera réparée ».

Quant aux rejets d’eaux usées, le propriétaire explique « qu’il fera venir une pelleteuse ce week-end et qu’il créera un bassin ». Les odeurs, elles, ne seraient plus gênantes : « Depuis 15 jours, on ne sent plus rien. » Et pour le méthaniseur, « faire cesser l’activité sera encore pire au niveau des odeurs puisque les déchets ne seront plus brûlés. La remise en route va être une épopée. C’est désolant d’avoir réalisé de si gros investissements pour voir les machines stoppées ».

Bonne décision

Les riverains et le collectif créé fin 2013, Methaniz ailleurs, se réjouissent de cette décision. « Nous sommes très satisfaits de l’attitude de la préfecture qui a pris les choses à bras-le-corps. Même si on regrette que cela ait pris autant de temps », explique Michel Martin, membre du collectif et voisin de l’exploitation. Depuis deux ans, ce dernier estime « que les choses étaient insupportables. Nous ne sommes pas contre la méthanisation, nous sommes contre les nuisances ».

Déjà, le collectif avait lancé une procédure auprès du tribunal administratif il y a un an et demi pour contester le permis de construire. « Nous avons été déboutés à l’époque mais nous avons fait appel », explique Michel Martin. Le dossier sera présenté de nouveau au tribunal de Douai (59) dans quelques jours.

« Cette procédure administrative n’a pas de lien avec la décision du préfet mais, pour nous, tout cela va dans le bon sens, ajoute-t-il. Nous verrons bien si M. Dezellus se décide enfin à faire les travaux de mise aux normes. » En attendant, le collectif compte bien en profiter pour respirer un peu.