DSK Soutien Pétition pour le soutenir


Visiteur

/ #7424 Re: Re: Re: SOUTIEN A DSK PLUS QUE JAMAIS

2011-11-01 20:49

http://www.lemonde.fr/m/article/2011/10/28/elle-plaide-la-cause-de-dsk_1594528_1575563.html

 

M > Le Magazine > Les gens Elle plaide la cause de DSK Portrait – L'ancien directeur du FMI lui a confié sa défense française. Inconnue du grand public, Frédérique Baulieu n'en est pas moins une pointure du barreau. L'une des rares femmes à s'être fait une place dans le club très fermé des avocats pénalistes. Par Bastien Bonnefous Frédérique Baulieu balaie la question d'un revers de manche : "Il n'y a pas de dossier, on ne lui reproche rien si ce n'est de la mousse et quelques articles de presse ahurissants." L'avocate parle cash et le client qu'elle défend avec tant d'assurance n'est autre que Dominique Strauss-Kahn. Pas question de chercher de nouveau des poux dans la nouvelle barbe poivre et sel de l'ancien directeur général du Fonds monétaire international. A peine sorti de l'affaire Tristane Banon, son nom vient de surgir dans un autre dossier de moeurs, comme client présumé d'un réseau de proxénétisme au sein du palace lillois Le Carlton. Encore une fois, c'est Frédérique Baulieu qui le défend. Pourtant, le nom de cette pénaliste parisienne de 56 ans, dont trente de barreau, est quasiment inconnu du grand public. Et pour cause. L'associée de Me Henri Leclerc n'est pas du genre à s'épancher ni à courir les médias, toutes anecdotes dehors. L'avocate made in France de DSK rechigne à "parler de [son] petit nombril" ou à "poser en photo, comme une star de cinéma". Dans son bureau élégant mais froid, installé près de Saint-Germain-des-Prés, rien ne trahit autre chose qu'un lieu de travail. Plateaux de verre, moquette grise, murs ocre. Un tableau au mur qu'elle "n'aime pas" mais qu'elle n'a jamais pris la peine de décrocher, et quelques dessins d'enfants disséminés dans la bibliothèque – on ne saura rien de leurs auteurs, ni leur nombre ni leur âge – à côté de bibelots exotiques. Deux romans (les derniers David Grossman et Aharon Appelfeld) voisinent avec les canettes de soda light, mais pas de cigarettes dans le large cendrier – elle a arrêté de fumer depuis la rentrée. Fin de la visite introspective. Frédérique Baulieu est à l'inverse de ses confrères américains, défenseurs de Strauss-Kahn passés à la postérité depuis le scandale du Sofitel de New York. Aussi discrète qu'ils ont été mondialement exposés, aussi muette qu'ils ont été bavards, elle n'a pas le côté "petit excité" de Benjamin Brafman, ni celui "grand placide" de William Taylor. "C'est une teigne élégante... elle ne lâche rien", prévient un journaliste. "Elle est l'anti-Collard, elle ne se jette pas sur les caméras, elle aurait plutôt tendance à les fuir", ajoute Me Philippe Sarda, qui connaît " Fred " depuis vingt ans. Pour preuve, les journaux hésitent encore sur l'orthographe exacte de son nom, ajoutant souvent un "e" imaginaire après le "b" initial. Et pourtant, selon un confrère, sous ses airs distants, "c'est une bosseuse avec une grande analyse psychologique des êtres et des situations, qui s'investit beaucoup dans ses dossiers, parfois trop, au risque de tomber dans l'affectif et de manquer de recul". Sur les marches du Palais de justice à Paris. Katie Orlinsky pour M, le magazine du Monde DANS L'AFFAIRE DSK-BANON COMME DANS TOUTES LES AUTRES, Me Baulieu se tient à une même règle d'or : pas de petites phrases. "Je fais du droit, pas de la com'", explique-t-elle, un sourire furtif aux lèvres. Face à David Koubbi, l'avocat de Tristane Banon, qui n'hésite jamais à défendre sa cause sur les plateaux de télévision ou dans les colonnes des journaux, elle et Henri Leclerc ont répliqué par communiqués de presse publiés au compte-gouttes. De simples bouts de papier pour rappeler noir sur blanc la présomption d'innocence dont devait bénéficier leur client et dénoncer les accusations "imaginaires" et "calomnieuses" de la jeune femme. Pour l'avocate, le parquet a commis une "faute" en attribuant par voie de presse à DSK des faits prescrits d'agression sexuelle. Une sentence, prononcée hors de tout cadre légal, que la pénaliste réfute. "L'efficacité judiciaire n'est pas l'efficacité médiatique. Les affaires ne se gagnent jamais dans les médias, mais au tribunal", tranche l'habituée des assises. N'empêche que l'associée d'Henri Leclerc n'a pas été choisie par hasard, mais pour l'image et la réputation de ce cabinet de poids. C'est sur les conseils de son ami et avocat Jean Veil que DSK, avant l'été, a fait appel au duo de pénalistes. Une décision stratégique. Une femme dans ce dossier scabreux, associée de surcroît à une légende du barreau, avocat militant des droits de l'homme, conscience de la gauche quasi idolâtrée par ses pairs en robes noires... Un tandem idéal pour DSK après le déballage judiciaro-bling-bling américain. Me Baulieu ne se fait aucune illusion : "Il y a toujours une volonté d'affichage et une part de calcul du client dans le choix de ses défenseurs", admet celle qui, dans sa carrière, n'a refusé que deux clients : "Un homme qui couchait avec sa fille adoptive mineure et trouvait ça normal ; et un autre qui m'a menacée lors d'un parloir en prison." Choisir le cabinet Leclerc, c'est choisir une marque. "Leclerc, c'est la vieille école des procès qui se font à l'audience et pas dans les couloirs ou les bistrots. C'est un humanisme et une force de la défense qui n'existent nulle part ailleurs ", résume Michel Mary, journaliste au Nouveau Détective qui écume tribunaux et commissariats depuis trois décennies. AVEC UN CLIENT COMME L'ANCIEN DIRECTEUR GÉNÉRAL DU FMI, Me Baulieu, jusqu'à présent abonnée aux crimes de sang avec quelques incursions en droit pénal des affaires auprès de grandes compagnies (easyJet, American Express, Pfizer...), franchit un cap. Une promotion rare en France pour une pénaliste. "Strauss-Kahn, c'est le type de dossier sur lequel un avocat prend du galon", explique Philippe Sarda. Du genre de ceux qui peuvent apporter une clientèle nouvelle, plus prestigieuse et donc plus lucrative. "Ce serait mentir de dire que c'est un dossier absolument comme les autres, même s'il faut le traiter comme n'importe lequel des dossiers", reconnaît la pénaliste. Pourtant, cette publicité semble à peine réjouir celle qui a embrassé le barreau "sans vocation". Fin des années 1970, la jeune femme, étudiante douée, peine à se trouver. "J'ai beaucoup voyagé, fait plein de petits boulots, je cherchais mon chemin", se souvient-elle. Elle choisit le droit "par hasard". "Il me fallait un métier qui me permette de m'assumer rapidement. La magistrature ne correspondait pas à mes valeurs. Avocate ? Pourquoi pas ?" Une voie personnelle à l'opposé du modèle familial et de la figure paternelle. Son père, Etienne-Emile Baulieu, est l'éminent professeur en endocrinologie, reconnu internationalement, le concepteur de la pilule abortive et de la molécule antivieillissement DHEA. Un ponte. A son évocation, le visage de sa fille, qui lui ressemble traits pour traits, se ferme. Frédérique Baulieu ne livre rien de ce passé, si ce n'est quelques mots sans appel : "jeunesse difficile", "rupture", "indépendance"... Avec les années, la professionnelle "par accident" s'est fait une idée de plus en plus haute de son métier. Ses mentors n'y sont pas pour rien, comme le ténor Thierry Lévy, la terreur des prétoires chez qui elle a débuté –"une période très dure mais très formatrice", analyse-t-elle. "Lorsqu'on plaide pour quelqu'un qui est accusé du pire, on se sent un peu comme le dernier juste de l'histoire", expliquait-elle en 2009 dans un dossier sur le crime paru dans Le Monde 2 (11 juillet 2009). Au rappel de cette sentence personnelle, Me Baulieu rougit. "Ça fait un peu donneuse de leçons, non ?", demande-t-elle, ajoutant néanmoins qu'elle n'a "pas changé de regard sur ce drôle de métier".