Scandale pédagogique

Jim

/ #42 Mme Delvaux et ses conseillers...

2011-12-01 14:59

La réalité quotidienne, qui se déroule depuis trois ans derrière les façades des bâtiments scolaires au Luxembourg, n’est ni dévoilée par la presse, ni par les auteurs de cette loi. D’ailleurs Madame le ministre, elle-même, ne s’interroge nullement sur les vrais besoins ni des élèves ni des enseignants. Elle parle d’une autonomie croissante des enseignants sur le terrain, mais la bureaucratisation poussée à l’extrême et le contrôle régulier et permanent par des questionnaires, apparemment anonymes mais pourvus de codes barres, adressés aux enseignants, aux parents et aux élèves prouvent le contraire.

Le dernier questionnaire (partie intégrante des épreuves standardisées) circulant actuellement au cycle 3.1 demande aux élèves d’indiquer le nombre de portables, de téléviseurs, de voitures et de salles de bain à leur domicile. Entre autre l’on demande aux élèves de juger les compétences de leurs enseignants en ce qui concerne leur volonté à aider des enfants en difficulté et leur capacité de maintenir un climat de travail serein en classe.

Est-ce admissible que les enseignants doivent se faire évaluer par l’intermédiaire de leurs élèves, et ceci sous prétexte de collecte de données statistiques par le MEN ? Les parents apprécient-ils que des informations privées soient divulguées par le biais de leurs enfants ? Il s’agit là tout simplement d’un usage abusif des épreuves standardisées!

Le surplus de travail administratif dans les écoles est devenu pesant, voire ingérable, des mesures de contrôle pointilleuses ont été introduites – ce qui favorise un climat de méfiance entre les collègues, à tel point que l’atmosphère dans les bâtiments entrave la qualité de l’enseignement. Les nombreuses réglementations contraignantes ont sérieusement hypothéqué notre mission d’enseignement proprement dite, la rédaction de rapport pour chaque bagatelle, aussi minime qu’elle soit et l’établissement de relevés ont dégénéré en corvée. Un flot permanant d’instructions strictes témoigne d’un manque total de confiance dans notre travail et notre engagement.

La devise de Mme le ministre et de ses pantins est la suivante, je cite: „Vous êtes des fonctionnaires – vous n’avez qu’à fonctionner!“

Cette phrase exprime et démontre l’attitude et l’estime de Mme Delvaux à l’encontre du personnel enseignant au Luxembourg...

Ce qui se passe actuellement dans nos écoles, est très grave et je me réjouis que mes propres enfants ne devront plus assumer les conséquences d’une nouvelle réforme mal structurée. Pour le moment, l’enseignement fondamental se trouve dans une phase de pure expérimentation, car l’évaluation de cette réforme se fera attendre et d’ici là, quelques générations d’enfants devront en assumer les séquelles! Le MEN nous oblige à évaluer les élèves suivant leurs niveaux de compétence, or il a oublié de proposer des manuels adaptés à une pédagogie basée sur les compétences, le travail d’élaboration d’un tel matériel n’incombe définitivement pas aux enseignants.

Les instituteurs et institutrices au Luxembourg n’ont plus le droit de recaler un élève – ni au cycle 2.1, ni au cycle 3.1, ni au cycle 4, ce qui implique que bon nombre de lacunes ne sont pas comblées immédiatement et comme il faudrait, à la base, mais nombre d’élèves se retrouvent dans les classes supérieures du fondamental, entravant considérablement le bon fonctionnement de ces classes au détriment des élèves capables, qui sont irrémédiablement freinés dans leurs potentialités. Nous sommes incités à minimiser les échecs à tout prix en nivelant toujours plus vers le bas, nous n’avons plus le droit de montrer du doigt les lacunes et retards intellectuels de nos élèves, nous sommes incités à n’utiliser que des descripteurs positifs même en présence de lacunes manifestes et inacceptables.


D’ici quelques semaines ce sera le moment de remise des nouveaux bulletins – bulletins retravaillés pour la n-ième fois et accompagnés cette fois-ci par un livret explicatif de 43 pages, seulement, et riche en couleur!? Ce livret explique branche par branche et compétence par compétence de façon incompréhensible comment interpréter les différentes évaluations. Une mission impossible et inacceptable pour la plupart des parents. Le comble consiste dans le fait, que dès à présent le MEN fait circuler la rumeur d’un nouveau bulletin pour l’année scolaire 2012/2013. (Le 6e en 5 ans!!)

Toute cette réforme, du fondamental et du secondaire, est la marche forcée d’un seul ministre sans scrupules, qui jusqu’il y quelques semaines, n’a jamais recherché le vrai dialogue avec ses enseignants. Au contraire, elle impose du haut vers le bas et de préférence sans dialoguer...

Une réforme scolaire qui a échouée en Suisse et au Canada, sous la pression de parents engagés est instaurée au Luxembourg?! J’estime en effet qu’il est hautement irresponsable d’ignorer les premiers signaux alarmants qui surgissent et qui risquent de compromettre le succès et l’avenir de nos enfants.

La confiance des enseignants dans la réforme de l’enseignement fondamental est ébranlée depuis trop longtemps. Mme Delvaux devrait savoir qu’une réforme qui ne réussit pas à obtenir le soutien de la grande majorité des instituteurs est vouée dès le début à l’échec.

Reste à attendre les réactions des parents d’ici quelques mois ou quelques années au moment où ils se rendront compte que leurs enfants ont servi de cobaye à un ministre poussé par l’obsession de vouloir réformer à tout prix, en vue de s’ériger un monument à sa propre gloire…