Solidarité avec la grève de nos collègues précaires !

Solidarité avec la grève de nos collègues précaires !

 

La précarisation des personnels de l'ESR, une conséquence de la gestion néolibérale de l'université

La situation est maintenant connue, les conditions de travail de nos collègues enseignant.e.s/chercheur.e.s précaires sont souvent indignes : vacations mal payés avec des mois de retard, invisibilisation et infantilisation par les titulaires et les administrations, travail non payé etc. Le collectif des travailleurs et travailleuses précaires de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR), créé en 2016, constitué de nombreux collectif locaux et soutenu par beaucoup de laboratoires, départements et organisations syndicales, s’est organisé contre cet état de fait. Ses revendications (https://precairesesr.fr/revendications/), ont été largement ignorées par les responsables politiques des gouvernements successifs. Pire, le gouvernement actuel met en œuvre une réforme qui redessine le paysage universitaire, notamment en exacerbant une hiérarchie entre les universités par le mécanisme de la sélection dans les formations (au détriment d'une université ouverte, populaire et émancipatrice). Cette réforme accroit non seulement la concurrence entre les étudiant.e.s et entre les universités, mais aggrave aussi la situation nos collègues précaires : charges supplémentaires de travail, établissements “bien” financés et ceux où la précarité des personnels ne cessera de s’accroître etc. Les exemples de marchandisation de l’ESR (Etats-Unis, Angleterre etc.) sont très parlants à cet égard.

 

La grève des précaires : une réponse aux droits bafoués

Nos collègues précaires ont lancé un appel (https://precairesesr.fr/appel-des-1000-fourmis/) pour rendre publiques leurs conditions de travail. A partir du 25 mai, 20ème anniversaire du processus de Bologne – clef de voûte de la gestion néolibérale de l’ESR et de la précarisation des personnels – et le jour où Emmanuel Macron réunira à la Sorbonne une conférence européenne destinée à relancer ce processus, nos collègues cesseront leur travail. Nous soutenons leurs revendications :

-        l’instauration d’un plan d’urgence pour l’ESR dès la rentrée prochaine à partir des 10 revendications susmentionnées

-        la réception par Frédérique Vidal, Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de “l’Innovation”, ainsi que par Thierry Coulhon, conseiller du Président de la République pour l’ESR, du collectif des précaires

-        l'abrogation immédiate de la loi ORE

-        la fin de la répression policière du mouvement étudiant

 

Agir en solidarité, prendre position

Nous soutenons la perspective du collectif des travailleurs et travailleuses précaires de l’ESR : il n’existe pas de grève qui n'arrête pas la production. Nous, titulaires solidaires de la grève de nos collègues précaires, nous engageons notamment à favoriser la mobilisation de nos collègues précaires, en ne demandent pas aux grévistes de corriger des copies, de communiquer en colloque, de nous envoyer leur manuscrits etc. pendant leur grève. Plus largement, en tant que membres des comités d’organisation, des comités de rédaction ainsi que des conseils de laboratoires et d’école doctorale nous nous engageons à reporter nos deadlines des 12 prochains mois et d’autant de temps que la mobilisation durera. Nous soutenons l’organisation des “bureaux pour tou.te.s” qu’organisent nos collègues précaires dans nos universités et EPST pour visibiliser leur conditions de travail. Nous participerons aux mobilisations locales et nationales pour que le plus grand nombre des travailleurs et travailleuses de l'ESR soutienne la grève des précaires et rejoigne le mouvement social en cours.

 

Donner les moyens de défendre son travail

En tant que personnels titulaires, nous sommes relativement protégé.e.s par le statut de fonctionnaire. Dès lors, nous avons une responsabilité particulière pour permettre à nos collègues précaires de défendre leurs droits. En relayant sans condition leurs messages pour permettre leur anonymat, en prenant position face aux administrations quand cela est nécessaire et demandé par les précaires (refuser collectivement des tâches indues - corrections de copies, surveillances d'examens etc. - au nom d'un département par exemple), en organisant le travail collectif et la répartition des tâches et des enseignements, à égalité entre titulaires et non titulaires... nous pouvons ainsi utiliser notre position pour défendre les conditions de travail de nos collègues.

 

Repenser nos pratiques

L'organisation particulière de la "démocratie" universitaire nous met en position de supérieur.e.s hiérarchiques de fait et/ou nous oblige bien souvent à participer à la précarisation de nos propres collègues. Nous sommes nombreu.ses.x à nous questionner dès lors sur nos pratiques professionnelles et rapports inter-personnels. Nous proposons qu'une série de "bonnes pratiques" face à la précarisation de l'ESR soit soumise à la discussion et appliquée dans nos départements, composantes, laboratoires, associations professionnelles. Nous refusons de continuer à participer à cette organisation néolibérale du travail et revendiquons la nature collective de l'enseignement et de la recherche par-delà les différences de statuts : refuser les heures complémentaires lorsqu'elles servent à palier à la pénurie ; admettre que dans une situation de mise en concurrence exacerbée nos collègues non-titulaires doivent disposer de temps pour faire reconnaître et pérenniser leur travail dans l'ESR (publications, concours, ...) autrement que lors des périodes de chômage quitte à devoir mettre en suspend d'autres tâches collectives (projets de recherche, présence en séminaires etc.). Pour ce faire, il existe des solutions, notamment: accorder dans des contrats doctoraux et post-doctoraux du temps explicite pour la valorisation de travaux antérieurs ; faire signer systématiquement les publications aux collègues non-titulaires ayant participé à un projet de recherche ; intégrer systématiquement des non-titulaires aux comités scientifiques, aux tâches "valorisées", et non seulement aux tâches "pratiques" tel les comités d'organisation d'événements scientifiques ; exiger une représentation systématique et effective dans les instances de direction à toutes les catégories de personnels (doctorant.e.s, docteur.e.s, BIATSS) etc.

 

Éléphant.e.s, soutenons les fourmis !

Les éléphants solidaires    Contacter l'auteur de la pétition