MANIFESTE POUR UN MONDE MEILLEUR

Une pétition internationale à l'initiative de chercheurs en sciences sociales portugais :

 

 

MANIFESTE POUR UN MONDE MEILLEUR

 

Ana Benavente ( ICS/Universidade de Lisboa, ULHT)

Carlos Estêvão (Universidade do Minho)

Fernando Diogo (Universidade dos Açores)

João Teixeira Lopes (Universidade do Porto)

Maria José Casa-Nova (Universidade do Minho)

 

En tant que chercheurs en sciences sociales qui partagent  les valeurs de la démocratie et de la justice sociale, nous sommes attentifs à la crise économique internationale, dans ses multiples  dimensions, crise qui a de profondes  conséquences  négatives pour ce qui  concerne le Progrès de l’Humanité. Nous vivons, en Europe et aux Etats Unis d’Amérique, une crise économique et sociale très profonde, où l’impact des marchés financiers internationaux  qui spéculent sur  le dos des économies nationales se présente comme un facteur très lourd  qui compromet la reprise économique mais aussi la stabilité démocratique et l’approfondissement de la démocratie et, en conséquence, le bien-être social.

 

Les politiciens répondent aux taux croissants de chômage ainsi qu’à la précarité et la volatilité du marché de travail – qui sont le résultat de politiques neolibérales qui protègent et favorisent les intérêts du grand capital – en adoptant des mesures de combat à la crise qui fragilisent les classes de statut social et économique plus faible et qui n’ont aucun impact sur la crise elle-même. Ces mesures ne servent qu’à “calmer” l’appétit des marchés financiers internationaux à travers le payement de taux d’intérêts très élevés et injustifiés qui sont appliqués aux économies nationales les plus fragiles. Ces mesures sont présentées aux opinions publiques comme étant les seules efficaces pour atténuer les effets de la voracité des marchés financiers internationaux déréglés, tout en passant sous silence le rôle qu’ils jouent dans l’émergence et l’approfondissement de la crise. Celle-ci est présentée et assumée par les gouvernements et par de nombreux économistes comme une sorte de “fatalité“. En même temps, on propage l’idée (l’idéologie) du manque absolu d’alternatives viables. Ceci va de pair avec la fragilisation, dans le cas de l’Europe, de son Modèle Social basé sur la redistribution de la richesse, en invoquant son impossible durabilité sur le moyen et le long terme et en le rendant subalterne par rapport  à  l’Europe de la Concurrence.

 

C’est la responsabilité individuelle et la déresponsabilisation de l’Etat face aux groupes sociaux plus vulnérables que cette idéologie veut défendre, en réduisant l les opportunités des citoyens , tout en bénéficiant les plus puissants au détriment des moins favorisés. L’attaque idéologique au Modèle Social Européen est une attaque au monde entier, puisque il s’agit là du modèle de référence par rapport auquel se construisent les attentes des citoyens des pays émergents ainsi que les nouvelles formes d’organisation sociale que l’on doit construire dans ces pays-là pour assurer une redistribution d’une richesse  qui s’accroît rapidement et qui ne profite qu’à un petit nombre.

 

Les conséquences de cette attaque se traduisent dans le systématique démantèlement des protections sociales qui limitent (encore) l’augmentation de la pauvreté et de l’exclusion sociale, tout en mettant en cause le contrat social qui fonde la démocratie.

 

Des nouvelles situations – dans les pays plus riches, la fortune des plus riches s’accroît en même temps que augmente le nombre de pauvres – viennent ainsi s’ajouter aux terribles inégalités de distribution de la richesse déjà existantes dans les pays d’économies émergeantes, inégalités qui perpétuent l’immense nombre de ceux qui vivent dans l’extrême pauvreté.

 

C’est pendant les périodes de crise que l’on construit des alternatives pour l’avenir. Il faut éviter que tous  ceux qui se sentent questionnés,  mécontents et exploités soient mobilisés par la « peur »  vers des solutions autoritaires. Et, en ce moment,  ce danger éxiste.

 

Voilà pourquoi les chercheurs en sciences sociales, ceux qui s’occupent d’analyser, de comprendre et de systématiser la connaissance sur les sociétés, leurs dynamiques, leurs forces et aussi leurs effets pervers, doivent s’engager dans la construction d’alternatives démocratiques.

Avec tous ceux qui veulent travailler pour un Monde Meilleur !

Avec tous ceux qui savent que les démocraties s’inventent et se reconstruisent !

 

D’autres paradigmes sont possibles, mais ils exigent l’engagement de tous, pour que la distance entre gouvernants et gouvernés – dénoncée par Pierre Bourdieu depuis longtemps – diminue; pour que, comme le dit Edgar Morin, l’on puisse résister à une idéologie dominante et hégémonique qui balaye tout sur son passage et qui présente comme évident et normal ce qui est, en fait, le résultat d’inégalités que nous refusons. Il faut re-fonder nos démocraties en refusant leur affaiblissement et l’enthropie qui les marque en cette deuxième décennie du siècle XXI.

 

Il devient ainsi fondamental d’intervenir dans de nouveaux espaces publiques, notamment à travers l’élaboration d’un Manifeste capable d’interroger le capitalisme exacerbé dans lequel nous vivons et, en particulier, la soumission aux exigences des marchés financiers internationaux, qui sacrifie une partie des êtres humains au nom du profit indécent de quelques uns, nous amenant vers une perte graduelle des Droits et de la Dignité Humaine. Il s’agit d’un Manifeste capable de questionner le type de société qui se construit sur la base de l’actuel modèle économique et d’élaborer des orientations vers une société où le modèle économique ne retienne pas en otage la majeure partie de l’humanité, notamment à travers la destruction de sa capacité d’indignation en fonction de l’augmentation de l’insécurité et de la précarité du monde du travail.

 

Le rôle des chercheurs en sciences sociales est aussi celui de déconstruire les “évidences du marché”, ainsi que d’autres idéologies tout aussi efficaces pour créer l’absolue conviction quant à l’inexistence d’alternatives positives  à l’actuel ordre économique et social mondial. Nous affirmons, au contraire, qu’un nouvel ordre mondial est possible: un ordre qui rende aux êtres humains le Droit à l’indignation, le Droit au travail, le Droit à des attentes positives et à des opportunités de vie citoyenne, le Droit à la Dignité.

 

Ainsi, nous proposons l’adoption à l’échelle mondiale de mesures qui réduisent l’impact social de l’actuelle crise. Des mesures qui, assumées par les gouvernements, puissent contribuer au développement des économies mondiales, rendre à l’être humain sa confiance dans l’avenir et dans l’approfondissement  du système démocratique.

 

Une démocratie réelle est une démocratie plus délibérative et communicative. Une démocratie où les politiques de “redistribution” et de “participation” s’articulent pour une justice qui respecte les droits humains, plus coopérative, sans accepter des espaces d’exclusion. Une démocratie qui cherche à rendre le monde une communauté de communautés.

 

La manipulation de l’opinion publique  par les économistes du régime et  par leur manuel de pensée unique, enlève du sens et dépolitise l’espace publique, tout en répandant l’ídée que Margaret Thatcher a  défendue  lors de son arrivée au pouvoir et qui est le “noyau dur” de tout un programme: “il n’y a pas d’alternative“ !

Aujourd’hui, cette question devient majeure pour ce qui est de la « dette souveraine ». La prénotion que la dette est intouchable, empêche toute tentative  pour en débattre en tant qu’outil privilégié de transfert des rendements du salaire vers le capital.

 

En fait, le rééchelonnement et la restructuration de la dette devraient permettre aux pays de ne pas payer des taux d’intérêts usuriers. Il s’avère également fondamental que l’on impose une juste redistribution des sacrifices, en obligeant  les banques (qui  sont à l’origine de la crise dont elles bénéficient en même temps), à payer des impôts  en fonction des profits obtenus, ce que devrait aller de pair avec la taxation des grandes fortunes, des plus-values boursières et urbanistiques ainsi que des transferts vers les offshores.

 

Nous estimons aussi finalement  qu’il est essentiel que toute politique macroéconomique calcule à l’avance le nombre de pauvres qu’elle produira pour que l’on puisse éviter les dommages sociaux et moraux de son développement.

 

La construction d’un Mouvement International

Nous demandons à tous les Citoyens et Citoyennes du Monde d’adhérer à ce Manifeste, de façon à ce que l’on construise un Mouvement Social Mondial capable de faire face à la dérégulation absolue du capitalisme qui se veut « maître et seigneur du monde » et qui prend en ottag les personnes qui l’habitent.

POUR LA RÉGULATION DÉMOCRATIQUE ET SOLIDAIRE DU CAPITALISME, POUR L’HUMANITÉ DANS LA DIGNITÉ.

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Michel Messu (sociologue, Université de Nantes)    Contacter l'auteur de la pétition