Ismael Adelkader le cadavre oublié , comment cela est possible...Merci de signer cette pétition pour que justice soit faîte pour la famille de ce jeune homme et pour lui aussi.

La famille d'Ismaël, dont les ossements ont été retrouvés dans le jardin d'un gendarme, ne peut cacher sa colère après le non-lieu.

« Mon frère a été enterré comme un chien, dénigré, et trois ans plus tard, personne ne veut mener une enquête digne de ce nom. J'ai la haine ! » tempête Myriam Abdelkader. Au nom de sa famille, la jeune femme de 33 ans réagit avec dépit à la décision de la chambre de l'instruction de Colmar. Il y a une dizaine de jours, celle-ci a confirmé le non-lieu dans l'enquête concernant la mort de son frère Ismaël, disparu en 2006 et retrouvé six ans plus tard... enterré dans le jardin d'un ancien gendarme, en Alsace.

Après quelques recherches restées vaines, la disparition d'Ismaël Abdelkader, 25 ans, avait pourtant rebondi de façon inespérée en juillet 2012 : placé en garde à vue dans une tout autre affaire, un homme raconte alors qu'un jeune de Pfetterhouse, un bourg alsacien à la frontière franco-suisse, se vante d'avoir enterré un corps dans le jardin de son grand-père, chez qui il vit. Le 26 juillet, les enquêteurs découvrent en effet un squelette, dissimulé sous un tas de bois, chez ce gendarme à la retraite. Et dans la poche du pantalon, une carte vitale au nom d'Ismaël Abdelkader, domicilié à Morhange (Moselle).

Une information judiciaire est ouverte, le petit-fils entendu. Il explique qu'en mai 2006, il a sympathisé avec Ismaël, croisé dans une gare après un voyage aux Pays-Bas pour acheter de la drogue. Le week-end de sa disparition, Ismaël part en Alsace, invité par son nouvel ami à un anniversaire. Il dort chez lui. Au réveil, son hôte raconte l'avoir trouvé mort, la bave aux lèvres. Pris de panique, pensant à une overdose -- il est lui-même toxicomane --, il dissimule le corps une semaine sous son lit. Puis dans une brouette, caché sous une bâche. Au bout de vingt jours, il décide de l'enterrer avec un ami, malgré « l'odeur insoutenable », témoignera celui-ci. Etonnamment, après quelques heures de garde à vue, les deux hommes sont relâchés et placés sous le statut de témoin assisté, dans une simple enquête pour « recel de cadavre ».

Un traitement judiciaire qui fait bondir Me Thomas Hellenbrand, avocat de la famille Abdelkader. « Dans un cas comme celui-ci, le minimum, c'est de mettre les personnes en examen pour homicide volontaire. Là, rien, si ce n'est dix heures de garde à vue pour l'un, deux pour l'autre. Quand le premier réflexe est d'enterrer un corps dans un jardin, on peut supposer que la mort n'est pas naturelle ! » Il s'appuie en outre sur l'expertise toxicologique, qui a conclu à l'absence de stupéfiants sur le squelette.

Las, la juge d'instruction, estimant « plausible » la thèse de l'overdose, a rendu un non-lieu en 2014, confirmé il y a une dizaine de jours. Elle estime notamment que le délit de non-assistance à personne en danger est prescrit, et que celui de recel de cadavre -- qui suppose un décès par homicide ou par suite de violences -- n'est pas constitué. « Scandaleux », s'agace le pénaliste, qui va se pourvoir en cassation, et envisage d'engager une procédure contre l'Etat. « On ne peut pas dire à une famille qui attend depuis dix ans : circulez, il n'y a rien à voir ! »

Myriam Abdelkader, qui maintient que son frère n'avait jamais pris ni héroïne, ni méthadone, soulève un autre problème : « On confie une enquête touchant un gendarme à la retraite à des gendarmes, qui organisent les gardes à vue dans la caserne même où il exerçait ! » Trop d'invraisemblances jalonnent la procédure, « bâclée » selon elle : « Impossible que les grands-parents, qui avaient chez eux un corps en décomposition, n'aient rien remarqué, juge-t-elle. Ils ne se sont même pas demandés pourquoi leur petit-fils avait soudainement créé un tas de bois dans le jardin... Et le grand-père n'a jamais été entendu, pas plus que l'homme qui a donné le renseignement au départ. On n'a pas non plus recherché de traces de sang chez eux. »

Evoquant le désespoir de sa mère, Myriam assure que « la famille ne pourra jamais faire son deuil ». « A ce jour, on ne sait même pas de quoi Ismaël est mort. Si les secours avaient été appelés, peut-être serait-il en vie. » Mue par un profond sentiment d'injustice et par le cynisme du petit-fils du gendarme, qui est allé jusqu'à porter les chaussures d'Ismaël, Myriam enrage : « Pensez-vous que si on avait retrouvé le corps du petit-fils d'un gendarme dans notre jardin, personne ne serait poursuivi ? »