Exigeons ensemble une alternative aux tours du Pont d’Issy

Voici le document que nous avons déposé au registre d'enquête le 15/10
ZAC du Pont d’Issy IMEFA 52

Enquête publique

Le projet de tour IMEFA 52 s’inscrit dans le projet de ZAC du Pont d’ISSY qui prévoit notamment 2 autres tours similaires et un groupe d’autres bâtiments de moindre hauteur mais néanmoins importants.
C’est pourquoi le dossier présenté est partiel et ne rend pas compte de l’inscription d’IMEFA 52 dans cet ensemble. Il est donc impossible de se prononcer positivement sur la pertinence et la cohérence de cette opération.

- les révisions partielles de PLU et enquêtes partielles pour des opérations d’une telle ampleur vont à l’encontre des impératifs de cohérence entre l’usage du sol et les fonctions urbaines associées qui est l’objet même de l’urbanisme et des outils que sont les documents d’urbanisme.
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Ainsi, ces créations massives de bureaux à Issy sont en contradiction totale avec la nécessité d’un rééquilibrage vers l’est de ces emplois. Il y, d’ailleurs, dès à présent, trop de bureaux vacants dans l’orbite de la Défense. En outre, ces déséquilibres augmentent inutilement les flux de déplacement à travers l’agglomération parisienne
Plus localement, nous n’avons à notre connaissance aucune étude d’impact actualisée prenant en compte la globalité des opérations en cours en bord de Seine à Issy et Meudon (notamment : tri postal, ZAC bord de Seine, Pont d’Issy….) ainsi que dans l’environnement immédiat à Boulogne et Paris (Balard)
L’engorgement des circulations et des moyens de transports dans le quartier est sciemment organisée (voir rapport du commissaire enquêteur sur la ZAC) avec des conséquences désastreuses pour les migrations quotidiennes et des surcoûts pour la collectivité en charge du transport public.
Les impacts sur l’environnement, évalués à la marge, ne rendent pas compte de l’effet cumulé des diverses opérations

Ces tours posent donc de nombreux problèmes que je souhaite évoquer ici, et qui me concernent directement puisque je suis habitante de la ZAC des Chartreux à Issy-les-Moulineaux et donc utilisatrice des transports en commun de la gare d’Issy-Val de Seine (RER C et tramway) et de la RD 7 pour certains de mes déplacements.
En outre, ces tours vont très probablement impacter notre environnement immédiat concernant les accès, l’esthétique, la population et la pollution.

- concernant le projet IMEFA2, les vues présentées ne rendent pas du tout compte de l’aspect final de la tête du Pont d’Issy.

La tour actuelle, quelle que soit sa qualité architecturale, parait d’ores et déjà, disproportionnée et totalement incongrue dans le paysage. Le résultat avec les trois tours et bâtiments adjacents constituera un ensemble excessif par rapport à son environnement et sera définitivement nuisible à la qualité de vie du quartier.
L’intégration paysagère n’est pas réellement traitée, comme le souligne l’avis de l’autorité environnementale régionale. Elle ne traite pas les conséquences au-delà du périmètre communal alors que l’impact est tout aussi significatif sur les communes voisines, ni sur les coteaux d’Issy et de Meudon.
Elle ne mentionne pas non la présence dans l’environnement immédiat de la halle Yves Rocher, bâtiment Eiffel d’un très haut intérêt architectural dont la réimplantation sur le site est envisagée dans certains scénarios.

L’étude est donc partielle et, pour tout dire, purement formelle. Elle trahit gravement l’esprit du document requis et ne peut donc être avalisée car il s’agit en l’occurrence d’un aspect majeur , et non marginal, du projet avec des conséquences graves et non réparables pour l’environnement.

- concernant l’accès

Actuellement dans un contexte de circulation déjà très chargée et de transports en communs saturés aux heures de pointe dans le secteur du Pont d’Issy, il est prévu d’ajouter :
Sur le site du tri postal : près de 50 000m2 de bureaux (non encore construits)
Sur la zac des bords de Seine : 40 000 m2 de bureaux (en cours de construction)
Sur le zac du pont d’Issy : 232 000 m2 de bureaux
Soit un total de : 322 000m2 de bureaux
Ceci sans compter les logements des Zac Bords de Seine et Pont d’Issy à réaliser
Il y aura donc de sévères problèmes d’accès à la voirie et d’insertion dans la circulation aux heures de pointes.
L’impact des 60 000m2 d’IMEFA 52 ne peut donc être considéré à lui seul.

- concernant la circulation automobile sur la RD7

Le projet des tours prévoit pour les bureaux 1 voiture pour 90 m2 : soit 3 300 voitures, dont 453 pour IMEFA 52 ; ce qui augmentera le débit automobile au minimum du même volume aux heures de pointe.

Alors que le projet initial ne prévoyait « que » 120 000 m2 de bureaux, le Conseil Général des Hauts de Seine annonçait déjà un trafic routier (véhicules / jour) : en 2020 : de 25 000 à plus de 50 000 (portes de Paris) sur la RD7 dont l’aménagement à 4 voies est en cours.
Cet aménagement de 4 voies est déjà réalisé sur le quai des Chartreux, rendant la vie intenable aux habitants.
Il faut savoir que cette voie se termine brutalement sur un périphérique totalement saturé aux heures de pointe et sur les voies rive gauche dont la capacité est restreinte à Paris.
Ceci avant même de prendre en compte l’aménagement des terrains militaires à Balard et le projet de tours Porte de Versailles.
L’étude de trafic Egismobilité de 2008 relative à cet axe est donc totalement obsolète et nous allons résolument vers un engorgement total de ce secteur.
Le commissaire enquêteur de l’enquête publique de la ZAC concluait :
« Comme l’aménageur n’est pas maitre de la circulation automobile et que ses moyens d’incitation sont limités (…), il ne faut pas le rendre responsable de la congestion. » … « Ce n’est pas à la ville d’attendre l’amélioration des transports, mais à ceux-ci de s’adapter à l’urbanisation si elle est vertueuse ».

L’impact des 353 véhicules d’IMEFA 52 mentionnés dans l’avis de l’autorité environnementale régionale est hors sujet par rapport à la problématique des saturations engendrées par l’ensemble des projets de la ZAC et circonvoisins.

Le recours à la station de Vélib et aux pistes cyclables mentionné dans l’avis de l’autorité environnementale régionale sont dérisoires.


- concernant les transports en commun

Dans le cadre d’aménagement des bureaux, il est prévu 1 personne par 20 m2 : soit
16 000 personnes travaillant dans ces bureaux, dont 4000 pour IMEFA 52.
Si nous pensons que chaque personne à qui est dévolue une place de parking, viendra en voiture nous aurons donc dans le cadre des transports en commun à Issy Val de Seine près de 13 000 personnes supplémentaires (16 000 – 3 300) sortantes ou entrantes aux heures de pointes dans le secteur. Cette évaluation ne prenant pas en compte la construction à venir de 42 000m2 de logements dans la ZAC du bord de Seine et de 13 500m2 de logements dans la ZAC du tri postal est donc certainement très inférieure à la réalité.

Sachant que le nombre d’entrants évalués actuellement à la Gare RER C d’Issy val de Seine est de 11 500 entrants (ref : étude Pôles d’échanges SNCF / Arc express *), ou évalué en 2004 entre 7500 et 15 000 (ref : atlas des transports d’Ile de France), nous arrivons à plus que doubler le nombre de voyageurs qui certes, ne prendront pas tous le RER C, mais aussi le Tram T2 (déjà à la limite de la saturation) et les bus dont les capacités sont limitées.
Il suffit de venir un matin aux heures de pointe pour voir le nombre de personnes se déversant du RER C pour imaginer la situation après construction de ces tours.
Rappelons que le RER C lui-même est à bout de souffle et sujet à de très fréquentes interruptions de trafic. Lors de la présentation du projet à la réunion PPA du 13 juillet 2011, Monsieur Christian Maille mettait l’accent sur l’amélioration de l’accessibilité aux transports en commun. Ceci est bien illusoire si les réseaux sont incapables d’absorber la demande.
Nous remarquons que le Stif était absent de la réunion du PPA et il est clair que le chiffre de voyageurs supplémentaires indiqué (5 000) est bien inférieur à notre évaluation.

Dans l’avis même de l’autorité environnementale régionale il est mentionné concernant IMEFA 52( page 7):
« Il aurait été tout de même utile que le dossier mesure l’impact de cette hausse importante de fréquentation du pôle d’échange et des lignes de bus, tramway T2 et RER C au regard des flux qu’ils supportent déjà. Un rappel des estimations réalisées à l’échelle de la ZAC aurait également été pertinent »
Concrètement l’impasse à été faite sur ce sujet et le dossier d’étude d’impact reste purement formel. D’ailleurs, le commissaire enquêteur de l’enquête publique de la ZAC concluait :
« Comme les TC coûtent cher et que l’argent public manque généralement, il y a toujours une bonne raison pour ne pas les améliorer. Si on veut que le processus de densification, c’est-à-dire, de lutte contre l’étalement urbain et donc d’urbanisation durable de la ville sur la ville, se fasse, il faut laisser les investisseurs immobiliers construire là où le demande le marché et où les infrastructures de transport s’y prêtent déjà le mieux. Puis, faire en sorte que les acteurs du transport assument leurs responsabilités en adaptant et en améliorant ceux-ci par rapport à la nouvelle demande de déplacements. » « Les transports en commun actuels….ont sans doute ( ?!) la possibilité de supporter les 5 300 nouveaux usagers induits par le programme de la ZAC du Pont d’Issy, avec éventuellement des aménagements lourds, réalisables à terme »

En outre la liaison avec le pôle d’échange ne semble pas étudiée.

- concernant les risques industriels et naturels
L’autorité environnementale régionale note des insuffisances concernant la prise en compte de la canalisation de gaz…et doit rappeler diverses mesures en cas de crue qui ne semblent pas prises en compte (pompage, entretien des bassins de rétention….)

- plus généralement :
Comme indiqué, nous n’avons à notre connaissance aucune étude d’impact actualisée prenant en compte la globalité des opérations en cours en bord de Seine à Issy et Meudon (notamment : tri postal, ZAC bord de Seine, Pont d’Issy….) ainsi que dans l’environnement immédiat à Boulogne et Paris (Balard)
- sur l’environnement,
- sur le trafic routier,
- sur les transports en commun,
- sur la sécurité (héliport, zone de bureaux désertes le week-end sans attrait commercial)
- sur les nuisances, la pollution

Il est regrettable que les différentes opérations des quais de Seine à Issy-les-Moulineaux se soient succédées sans analyse globale et apparemment au gré des opérations immobilières, nécessitant des révisions de circonstance et opportunistes du PLU.
Il n’y a pas eu de schéma d’ensemble et cela est confirmé aujourd’hui par ce projet de la ZAC du Pont d’Issy.
Or, le but des plans d’urbanisme est justement de donner une vision cohérente de l’évolution d’un territoire et les révisions majeures successives du PLU sont précisément la marque d’une carence totale dans ce domaine

- Il faut absolument s’interroger sur les finalités d’un tel projet :
• Est-ce le désir d’entreprises (société AXA, Crédit Agricole Assurances et Générale Continentale Investissements) de se mettre en valeur par des constructions architecturales remarquables ; est-ce pour ces entreprises un besoin réel d’espaces professionnels, ou l’opportunité de réaliser une opération financière qu’elles espèrent rentable ? (cf réunion PPA)
• Est-ce le désir d’une municipalité d’aider au développement économique de la ville qu’elle administre, ou de se faire valoir à travers une architecture monumentale?
• Est-ce la volonté d’un développement économique et de concentration urbaine qui pourrait avoir une justification écologique (moins de CO2 en rapprochant les lieux de travail et d’habitation, sauvegarde de terres agricoles…) ? S’agit-il de renforcer le déséquilibre en bureaux entre l’est et l’ouest de l’Ile de France ?

Un économiste a démontré que la hauteur des tours était un indicateur avancé des crises économiques. Nous en avons semble t-il un exemple ici.
En cette période de crise, il est nécessaire de s’interroger sur la pertinence de ce projet, au regard d’une période à venir d’austérité et sans doute de vacance importante de bureaux dans notre région.

Ce questionnement est d’autant plus indispensable que l’impact de ce projet sera majeur et qu’il risque de compromettre un minimum de qualité de vie sur un large territoire, au-delà de mon quartier et de la ville d’Issy les Moulineaux.

En conclusion, dans ce contexte il est impossible d’accorder un avis favorable à IMEFA 52, élément isolé d’un projet global discutable, dont les études d’impact sont, en outre incomplètes et formelles.


Monsieur Gilles NICOLAS

Issy, le 01/10/2013



*http://www.debatpublic-arcexpress.org/docs/etudes/etudes-poles-echanges-sncf/insertion-stations-maillage/sud/AE-SE-DIA2-14_issy-val-seine.pdf
* Rapport d’étude RD7 d’EGISMOBILITE
*Direction régionale et interdépartementale de l’Environnement et de l’Energie d’Ile-de-France –ref EE-708-13 Avis de l’autorité environnementale sur le projet de construction de la tour IMAFA 52 à Issy-les-Moulineaux
* Rapport d’enquête publique ZAC du Pont d’Issy