Équité pour les enseignants d'art dramatique du Québec

Dans la convention collective des enseignantes et des enseignants du Québec, il y a une reconnaissance de l’enseignement des disciplines artistiques, telles que la musique et les arts plastiques. Il n’y en a aucune pour l’enseignement de l’art dramatique. Dans la convention collective des enseignantes et des enseignants du Québec, il y a une liste des champs d’enseignement pour toutes les matières. L’art dramatique n’y figure pas. Dans certaines commissions scolaires, on relègue l’enseignement de l’art dramatique au champ 12, soit au cours général de français. Pour d’autres, c’est au champ d’enseignement 19, appelé autres qu’on le confine. Peu importe le champ dans lequel ils appartiennent, les spécialistes en enseignement de l’art dramatique au Québec sont victimes d’iniquité, et ce depuis l’apparition du programme d’enseignement des quatre arts au sein du curriculum primaire et secondaire.

Dans les années 70, il n’existait que le cours français-théâtre. Vers la fin des années 70 est apparue une réforme en éducation qui a mené au programme de formation des quatre arts (art dramatique, arts plastiques, danse et musique). Depuis cette époque, un programme spécifique d’université de quatre ans est consacré à l’enseignement de l’art dramatique au primaire et au secondaire offert par l’UQÀM. Après avoir suivi cette formation, l’enseignant devient un expert du langage dramatique, en maîtrise les techniques et les conventions de l’art. Dans la convention collective, à la page 171, on mentionne que « tous les cours de la formation générale de chaque champ apparaissant à la grille-horaire des élèves du niveau secondaire sont réputés identifiés à ce champ d’enseignement ». Considérant que l’art dramatique se retrouve à la grille-horaire de nombreux élèves de la province, comment expliquer que la situation demeure quant à elle échangée? Que les spécialistes de l'art dramatique ne sont identifiés à aucun champ d'enseignement spécifique?

L’absence d’un champ spécifique en art dramatique a créé au fil du temps des injustices, des insatisfactions et des décrochages de la part des spécialistes. À titre d’exemple, des postes en art dramatique ont été attribués à des enseignants de français, des parcelles de tâches à des professeurs d’histoire. C’est d’ailleurs grâce à ces tâches ou parcelles de tâches en art dramatique que certains enseignants non spécialisés ont obtenu des postes permanents. Or, la plupart des enseignants de français craignent de devoir enseigner cette discipline artistique qui, outre le contenu pédagogique, requière une gestion de classe bien différente. Nous avons constaté à plusieurs reprises que lorsqu’un enseignant non spécialisé accepte une charge en art dramatique, il en résulte inévitablement le démantèlement partiel ou total de l’art dramatique dans cette école. Malheureusement, au final, les plus grands perdants se trouvant être les jeunes.

Pour nous assurer que les élèves reçoivent un enseignement de qualité, pour permettre à l’art dramatique d’occuper l’espace qui lui revient au sein de la convention collective et des commissions scolaires à l’instar des champs musique et arts plastiques, pour une équité dans l’octroi des parcelles de tâches et des postes à venir en art dramatique, nous demandons au ministère de l’Éducation et aux syndicats, dans le cadre des négociations de la nouvelle convention collective, de considérer enfin la création d’un champ spécifique à l’art dramatique.

 


Carmen Giroux, enseignante d'art dramatique et de français    Contacter l'auteur de la pétition