Conférence de défense de l'architecture et des architectes

Projet d’Appel pour une Conférence Nationale

de défense de l’architecture et des architectes

 

 

La situation sans précédent appelle à réagir sans attendre.

 

La commande publique s’amenuise autant par les coupes dans les budgets publics que par la privatisation des organismes publics devenus EPIC ou SARL et qui échappent ainsi au code des marchés publics et à la loi MOP comme cela a été le cas pour les offices HLM.

Avec l’extinction de la commande publique ce sont les concours qui disparaissent, alors que pendant des années ils ont stimulé la conception et l’innovation. La baisse de la construction de logements et plus particulièrement du logement social en panne de financement public en est le signe le plus préoccupant.

Les SEM ne seront plus soumises à la mise en concurrence grâce aux nouvelles procédures envisagées par la loi sur les SEM à objet unique (SEMOU ou SEMOP) qui privatisent plus encore la maîtrise d’ouvrage publique.

La loi MOP est contournée, les marchés à procédure adaptée (MAPA) se généralisent et encourage dangereusement le dumping des honoraires en l’absence de tout barème de rémunération.

Les procédures conception réalisation comme les PPP ont remis en cause l’indépendance de l’architecte devenu « partenaire » de l’entreprise au mépris des règles les plus élémentaires de la déontologie.

Que deviendront les relations de proximité que les architectes ont su tisser avec les élus territoriaux dans le cadre de la disparition des départements, de l’extinction progressive des communes et de la concentration des Régions et des Métropoles?

 

On le sait bien, seulement 30% des constructions sont conçues par des architectes. La commande se rétrécit par tous les bouts. Les agences en font les frais. L’augmentation du seuil de recours à l’architecte exclu la profession du marché des constructions individuelles au bénéfice des pavillonneurs et des maisons sur catalogue, mais au détriment des paysages et de la qualité urbaine.

 

Les écoles d’architecture délivrent un diplôme qui ne donne pas le droit de construire. La licence d’exercice (HMONP) n’est plus intégrée au diplôme comme l’était le DPLG. Un architecte diplômé qui n’est plus qualifié pour construire, c’est la spécificité même de l’architecte maître d’œuvre qui disparaît au nom de la diversité des métiers. C’est la sélection organisée à la sortie des écoles.

 

La liste est longue, trop longue, des mauvais coups restés sans réponse de la part d’une profession qui n’en peut plus de subir sans être appelée à réagir.

A plusieurs reprises le CNOA comme d’autres organisations professionnelles ont alerté les pouvoirs publics sur les dangers qui menacent la profession et à travers elle l’architecture pour un intérêt public bien compris.

 

Il est juste d’alerter et de mettre en garde contre ces dérives mais n’est-il pas temps de répondre aux attentes de la profession qui tarde à faire entendre sa voix face aux lobbies des groupes de BTP qui eux savent se faire entendre ?

Comment donner suite aux 18 000 signatures réunies par le CNOA contre l’augmentation du seuil ?

 

Les avis sont unanimes les architectes ne sont ni entendus ni écoutés. Pas même par les élus de tous bords qui viennent de voter au parlement la loi sur les SEM privatisées. (A l’exception de quelques abstentions).

Il devient urgent de rechercher ensemble avec nos représentants les voies et moyens de ne pas laisser l’architecture et l’urbanisme aux seules mains des exigences économiques de rentabilité et de retour sur investissement.

 

 

Cette situation appelle à réagir sans attendre. Le CNOA a naturellement vocation à rassembler la profession avec toutes les organisations représentatives dans une large conférence nationale dont le but sera d’exprimer les attentes de la profession auprès des pouvoirs publics pour mettre un frein à cette spirale infernale qui menace l’architecture et les architectes.