Atteinte à l'autonomie de la danse au Conservatoire de Paris

Nous avons pris connaissance de la Lettre ouverte rédigée par l'équipe pédagogique-danse du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, en date du 9 octobre 2013 et nous lui apportons tout notre soutien. Nous demandons le rétablissement de la mention : direction des études chorégraphiques du CNSMDP, récemment déclassée en sous-direction. Ce terme de direction, qui existe depuis plus de 20 ans,  correspond à une réalité de compétence et est significative de la spécificité de la danse au sein du Conservatoire de Paris. La danse est un art à part entière dont l'autonomie mérite plus que jamais d'être reconnue et renforcée. Aussi nous demandons à nos autorités de tutelle de nous donner les signes forts et tangibles de cette reconnaissance, à savoir, dans le cadre du CNSMDP : des titres en accord avec les compétences exercées et une réelle autonomie de gestion.

Le 10 octobre 2013

LETTRE OUVERTE

Monsieur Bruno Mantovani, directeur musicien du Conservatoire de Paris, a décidé d'un changement d'organigramme au sein de l'établissement, qui fait de la direction des études chorégraphiques une sous-direction.

Cette nouvelle dénomination, qui doit être soumise au conseil d'administration du 3 décembre prochain, intervient à peine quelques mois après la procédure de recrutement et la nomination en janvier 2013 de Madame Clairemarie Osta...au poste de directrice des études chorégraphiques !

Ce changement soudain d’organigramme, inédit au sein d'un établissement qui a vu se succéder depuis plus de 20 ans deux directeurs (Quentin Rouiller puis Daniel Agesilas), crée un précédent unique dans l'ensemble national des établissements d'enseignement supérieur en danse sous tutelle ou sous contrôle de l´Etat.

A ce jour, tous sont dotés d'une réelle direction chorégraphique, en titre et en responsabilité.

Malgré la stupéfiante absence de concertation de Monsieur Mantovani avec l'ensemble des services de la direction des études chorégraphiques, sur un tel sujet, et en dépit du désaccord qui lui a été signifié par Madame Clairemarie Osta, nous ne contestons pas pour autant la légalité d'une telle décision. Nous en contestons purement et simplement  la légitimité, au nom de l'atteinte à l’autonomie de la danse que ne manquera pas d'entraîner, quoiqu'on en dise, une telle décision.

Supprimer les titres de directrice et de direction, c'est remettre en cause le statut même de la danse dans sa dimension spécifique au sein du Conservatoire de Paris et plus largement comme art à part entière.

Est-il besoin de rappeler la place de notre établissement de formation dans la dynamique portée par la danse en France depuis des décennies? Faut-il citer le nom de chaque danseur formé au Conservatoire de Paris et aujourd'hui engagé auprès de nombreux chorégraphes de renommée nationale et internationale, ou même moins reconnus mais tout aussi créatifs?

Est-il besoin de rappeler ces liens étroits qui unissent donc notre établissement de formation supérieur en danse au milieu professionnel de la danse ; quel chorégraphe, quel pédagogue n'a pas d'une manière ou d'une autre, consacré de son talent et de son temps à la formation de nos jeunes génération de danseurs?

Chacun connait la haute exigence qui est au cœur de l'exercice de la danse et sait combien, malgré la reconnaissance de sa vitalité, les conditions d'existence de l'art chorégraphique restent fragiles.  C’est donc le moment de les renforcer plus encore.

Maintenir le terme de direction au CNSMDP affirme symboliquement et dans la réalité, la place de la danse aujourd’hui et son indépendance.

Nul besoin que la confiance en la danse soit ébranlée dans son identité et moins encore s'agissant de la formation de nos jeunes artistes chorégraphiques.

Nul besoin que la danse soit sous-dirigée et moins encore dans un établissement public d'enseignement d'excellence.

La formation en danse au Conservatoire de Paris, ce sont deux cursus distincts en danse classique et en danse contemporaine ainsi que deux cursus en notation du mouvement Benesh et Laban uniques en France. Cela mérite à tout le moins, d'être incarné dans une direction !

En conséquence, pas plus au Conservatoire de Paris que dans tout autre établissement de même nature, habilité à délivrer des diplômes nationaux, nous ne pouvons accepter, sous prétexte de refonte d’organigramme, ce terme de sous-direction qui est une forme régressive de mise sous tutelle de la danse.

Equipe pédagogique

Paris 9 octobre 2013


L'équipe pédagogique-danse du Conservatoire de Paris.    Contacter l'auteur de la pétition