Appel à la reconnaissance des professions du spectacle en Suisse romande

« Toute personne a droit au travail,
« au libre choix de son travail,
« à des conditions équitables et satisfaisantes de travail
« et à la protection contre le chômage. »

Déclaration universelle des droits de l'homme, art. 23, 1948.


Mesdames et Messieurs les Conseillers Fédéraux,

Le résultat de la votation du 26 septembre 2010 sur la 4e révision de la loi sur l'assurance-chômage aura des conséquences catastrophiques dans le secteur des arts du spectacle en Suisse romande.

Aucun professionnel des arts du spectacle en Suisse romande, quel que soit son taux effectif d'emploi, quel que soit son niveau d'accomplissement et de reconnaissance en Suisse ou à l'international, ne pourra plus exercer dignement son métier avec l'entrée en vigueur de la 4e révision de la loi sur l'assurance-chômage.

Nous vous prions d'être attentifs au fait que cette révision a été rejetée par la totalité des cantons romands et que le taux de participation démocratique s'est avéré extrêmement faible sur l'ensemble de la Confédération, comme les médias l’ont relevé avec inquiétude.

Nous insistons sur le fait que la votation du 26 septembre 2010 ne portait pas spécifiquement sur le régime d’intermittence des professionnels du spectacle et qu'il n'a donc pas été demandé au peuple suisse de se prononcer sur le mode de financement des métiers du spectacle. Il n'a par conséquent pas voté sur la question.

Nous, qui contribuons à l'existence de l'art en Suisse, à la diffusion de la culture et de la connaissance dans toutes les couches de la population, nous considérons que la cause de l'art est une cause d'intérêt public, un indicateur de démocratie et un facteur de cohésion nationale.

C’est pourquoi nous vous invitons à mesurer très sérieusement les conséquences qu'une destruction de la pratique des arts du spectacle en Suisse romande entraînerait, afin que la division nationale déjà causée par cette votation n'entraîne pas un supplément de conflits sociaux dont personne ne sortirait indemne.

En l’absence d’un statut spécifique de nos professions dans la législation, l’entrée en vigueur de l’application de la 4e révision de la loi sur l’assurance chômage entraînera, à la date fatidique du premier avril 2011, la paupérisation immédiate et définitive des travailleuses et travailleurs du spectacle en Suisse romande.

C’est pourquoi nous vous demandons d’ouvrir avec nous, dans les plus brefs délais, des négociations afin de faire face dans le cadre de l’application de la loi à cette situation intolérable et de débattre de la réalité concrète de nos professions. Il est impératif d’établir ensemble et pour l’avenir les moyens cohérents et équitables d’exercer dignement les professions du spectacle en Suisse romande.

La Suisse, qui s'est dotée de puissantes structures culturelles pour diffuser dans chaque région de Suisse et dans le monde entier l'image d'un pays respectueux des arts et de la culture, se doit impérativement de défendre sur son propre territoire celles et ceux qui oeuvrent chaque jour à l'excellence de la création artistique en Suisse.

Enfin, il est de notre devoir de vous alerter vivement quant aux répercussions extrêmement négatives qui ne manqueraient pas de ternir davantage encore l’image de la Suisse dans le monde et sa crédibilité culturelle s’il était avéré que la cause de l’art dans notre pays était considérée comme nulle par notre gouvernement.