Non à une structure moderne près du site de Djemila ou au-dessus

Comme d'autres pays de par le monde, l'Algérie a longtemps organisé des festivals musicaux dans de prestigieux sites historiques et archéologiques classés par l'UNESCO patrimoine mondial de l'humanité. Des dégradations notoires, comme à Timgad, causées par la mise en place des structures de spectacles ou par les spectateurs eux-mêmes, comme récemment à Djemila/Cuicul, ont été signalées. A Timgad la construction d’un théâtre moderne, véritable colosse de béton, a vu le jour à deux pas du site archéologique et sur l’emplacement de vestiges antiques pour remédier au problème.

Que l’image de marque de ces sites soit utilisée comme élément de promotion pour ces spectacles nous n’y voyons pas d’objection mais nous doutons fortement que la construction de structures de spectacles monumentales, esthétiquement laides, aux abords immédiats de ces sites aide à valoriser les sites archéologiques sur le plan touristique. Sur le plan scientifique c’est un véritable désastre si ces constructions s’opèrent aussi près des anciens centres urbains antiques qui se sont développés très souvent hors des limites des structures actuellement visibles et dégagées privant irrémédiablement la recherche archéologique d’investigations sur ces terrains. Des informations récentes confirmant l'annonce précédente faite par les autorités, lors de l'émission radiophonique carnets d'Algérie sur les antennes de la Radio Nationale, confirment  la volonté des autorités en charge de ces dossiers d'envisager la construction de structures de spectacles dans l’enceinte même du site de Djemila / Cuicul sur un terrain " jouxtant le musée et la porte principale du site". L’objet de cette pétition est d’obtenir l’assurance des autorités algériennes et de l'Unesco que de telles opérations n’auront plus lieu à l’intérieur du périmètre protégé et aux abords immédiats du site. Quelles que soient les solutions envisagées les sites archéologiques paient un lourd tribut lors d'un afflux aussi massif de population. Nous avons en mémoire les dégradations catastrophiques causées lors de la tenue du festival de l'année dernière. Cest donc HORS des sites que ces manifestations doivent se dérouler.  Nous appelons ceux qui le souhaitent à signer cette pétition - nous signalons l'existence d'un groupe Facebook Groupe de Veille Djemila-Cuicul - https://www.facebook.com/groups/319500354762486/  - NOUS JOINDRE : veillecuicul@yahoo.fr

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Il y a plus d'une semaine était lancée une pétition pour  obtenir des garanties des organisateurs institutionnels du Festival de Musique de Djemila qu’aucune construction, qu’elle soit temporaire ou permanente,  ne se grefferait dans l’enceinte du périmètre protégé du site archéologique de Cuicul. Dans l’émission carnets d’Algérie les déclarations du directeur de l'Office de Gestion et d’Exploitation des Biens Culturels Protégés furent assez vagues. Elles confirmaient l’option bienvenue du Ministère d’en finir avec la tenue du festival sur l’esplanade des Sévères et de le déplacer pour la saison 2012 sur un terrain vague situé à 80 m des premiers vestiges, en périmètre protégé, sur lequel aucun sondage n’a permis pour l’instant de préciser l’existence de vestiges anciens.

Au cours de l’interview, il n’a pas été indiqué que les « structures légères et démontables » nécessiteraient ou pas des fondations en durs ce qui aurait pu être le cas.  De plus cette solution a été présentée comme temporaire pour l’édition de 2012 et le spectre de la construction d’un théâtre n’a pas été clairement éliminé.

Nous attendions ces précisions d’autant que l’archéologue reconnue qu’est Nacéra Benseddik, à l’origine de nombreuses initiatives salutaires que nous suivons depuis longtemps, visant à dénoncer des atteintes au patrimoine, au départ invitée dans ce débat a été décommandée d'office (liberté d'expression et débat démocratique oblige) ce qui faisait craindre le pire.

Interrogé par mes soins sur la question de la construction d’un théâtre de plein air  à Tiddis le même directeur m’a répondu qu’il n’y avait pas de projet à Tiddis.

Si l’on compte qu’il aura fallu sept ans pour prendre enfin une décision d’éloignement salutaire alors que les risques étaient connus nous considérons que c’est avec légèreté que la question des risques attenants au déroulement d’un festival en zone archéologique a été traitée jusqu'à présent, que c’est notre droit le plus absolu de le dire, de le faire savoir et de réunir celles et ceux qui partagent notre opinion qui est de repenser sérieusement cette question

Rien ne  concourre pour l’instant à rassurer la majorité des signataires car bien des garanties ne sont pas réunies. Aucune structure sanitaire digne de ce nom permettant de faire face à un afflux de plusieurs milliers de personnes n’était prévue l’année dernière. On nous assure que les mêmes forces de l’ordre (augmentée des patriotes et gardes communaux comme l’an dernier ?) qui n’ont rien pu empêcher l’année dernière, vont se montrer cette fois plus efficace derrière un cordon de sécurité. Beaucoup de vœux pieux.

Nous continuons à penser que ce prestigieux Festival attendu et réputé et qui marque annuellement un temps fort de la vie de la région devrait se tenir en dehors du périmètre protégé. Il s’agit ici de l’application d’une notion raisonnable de « principe de précaution » visant à ne plus faire courir le moindre risque à ce site unique déjà éprouvé les années précédentes et dont le potentiel touristique est considérable. Notre suggestion s’inscrit aussi dans le cadre d’un développement durable. Il existe certainement sur la commune un  terrain libre qui pourrait être aménagé. L’idée de la création d’un stade de plein air utilisable toute l’année pour la jeunesse de Djemila à été avancée, nous espérons qu’elle fera son chemin. L’édition de 2012 s’approche et si la solution temporaire de substitution qui va être mise en place présente des risques nous sommes optimistes pour qu’une autre solution soit trouvée. C’est à l’État d’être force de proposition pour l’avenir de Djemila-Cuicul sur le long terme, face aux doutes que notre mouvement pose. Mouvement qui petit à petit commence à regrouper des  signataires de plus en plus nombreux. Il nous semble que sur ce sujet récurrent, compte tenu de la multiplication des festivals (je citerai celui de Guelma par exemple) une cellule de consultation dotée de moyens d’actions, libre et indépendante, regroupant des spécialistes algériens, maghrébins et internationaux devrait voir le jour au plus vite pour compléter et renforcer les structures existantes.