Lettre ouverte à Mme La Présidente, Annick Allaigre : NON A L’EVACUATION POLICIERE DES MIGRANTS A PARIS 8 !

 

Madame la Présidente,

 

Depuis le mardi 30 janvier 2018, plusieurs dizaines d’exilés occupent le bâtiment A de l’université Paris 8. Aucun d’entre eux ne peut se laisser réduire au terme de « migrant », étant porteur d’une histoire riche et singulière. Ils sont là après avoir traversé de nombreux obstacles et surmonté d’innombrables difficultés, pour fuir la condition de misère qui était la leur dans leur pays.

En tant que personnels de Paris 8, nous avons reçu pendant plusieurs semaines des mails émanant de la Présidence, nous informant de la situation. Quasiment quotidiens au début (30 janvier, 1er février, 3 février, 7 février…), ces messages étaient marqués à la fois par la volonté de se montrer solidaires face au « durcissement de la politique du gouvernement à l’égard des migrants » et de maintenir la continuité du service public.

Dans un message datant du 3 mai, la Présidence nous informait alors que le comité de médiation, mis en place au début du mois de mars, était arrivé à « des avancées significatives » :

- « solutions spécifiques trouvées pour la dizaine de femmes présentes parmi les migrants et la prise en charge des mineurs par les organismes compétents »

- augmentation des capacités d’accueil du D.U. F.L.E.

- démarches entreprises pour trouver des logements

- mise en place d’un « suivi » individualisé de chaque exilé afin qu’il soit accompagné « dans son projet d’installation en France ».

Avec ces annonces, nous avions le sentiment que la Présidence s’engageait dans un véritable suivi (au moins à moyen terme) et dans une recherche de solutions.

Enfin, le 14 juin, nous recevons un dernier mail où le comité de mobilisation nous fait part de l’échec des démarches qu’il avait entreprises avec la Préfecture. Vous le remerciez pour son travail sanitaire, sécuritaire et administratif, mais force est de constater que la faiblesse de la réponse apportée par notre université est révélatrice de l'état de l’Université en général, dans sa difficulté à penser le monde qui l’entoure et qui bouge, alors même qu’elle se doit d’être le lieu par excellence du débat d’idées, d’une pensée créatrice, vivante et en mouvement.

Pire : nous apprenons en marge du Conseil d’Administration du vendredi 15 juin qu’une intervention et une évacuation policières ont été approuvées par la majorité des membres de ce conseil, vous laissant pleine possibilité de passer par ce recours, à partir du dimanche 17 juin.

Comment Vincennes à Saint-Denis, après avoir depuis son origine accueilli des étudiants étrangers, baisserait-elle aujourd’hui les bras devant les quelques « migrants » qui se sont réfugiés dans ses locaux, sous le climat délétère de la loi asile-immigration ?  

 

C’EST POURQUOI NOUS DEMANDONS INSTAMMENT A LA PRESIDENCE DE RENONCER A FAIRE APPEL AUX FORCES DE L’ORDRE POUR EVACUER LES MIGRANTS.

NOUS VOUS DEMANDONS DE CONTINUER A CHERCHER AVEC LES ACTEURS CONCERNES TOUTES LES SOLUTIONS POSSIBLES POUR ACCOMPAGNER CES MIGRANTS DANS LEUR « PROJET D’INSTALLATION EN FRANCE » COMME IL EN ETAIT QUESTION DANS VOTRE MAIL DU 3 MAI.

IL NOUS SEMBLE QUE C’EST SEULEMENT A TRAVERS CE TYPE D'ENGAGEMENT QUE NOTRE UNIVERSITE POURRA FETER DIGNEMENT SON CINQUANTENAIRE !  

 

Des personnels (enseignants chercheurs, BIATOSS) et des étudiants mobilisés 

 

 


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